Voilà, c'est terminé! Un mois et demi passé au Proche-Orient, une minuscule goutte d'eau dans l'océan d'une vie. Quoi qu'il en soit, aussi court que ce séjour aura été, il me laissera d'inoubliables souvenirs, avant tout d'un point de vu humain. Je n'oublierai jamais tout ces moments échangés avec cette population si accueillante et dont nous aurions tellement de choses a apprendre. J'ai tiré de nombreuses leçons des instants partagés avec les locaux et j'espère être capable pendant encore longtemps, à mon échelle, aussi petite soit elle, de donner aux personnes rencontrées au hasard de la vie tout ce que l'on a pu me donner pendant ce mois et demi d'exil...En tout cas, j'ai commencé avec mes nouveaux voisins du dessous, mais le plus dur est de continuer. C'est bien facile de faire style d'avoir retenu des leçons une semaine après être rentré, le plus dur sera de l'appliquer tout au long de ma vie, tel que le font les Orientaux.
Même si je ne suis pas aussi malheureux d'être rentré et plutôt très content de retrouver des personnes que je n'avais déjà pas envie de quitter il y a un mois et demi, l'envie d'y retourner au plus vite ne m'a pas quitté depuis samedi 14h20 et mon atterrissage sur le parvis de Roissy. Merci Marina, qui a peut être trouvé le moyen de me faire repartir à moindre coût dès cet été. Si c'est le cas, l'Egypte et sa vallée du Nil serait peut être la destination qui m'attirerait le plus, à voir... Pour l'instant gardons la tête aux études, ce mémoire qui ne fait que commencer et les deux pages par jour que je me dois de rédiger jusqu'au milieu du mois de mai si je souhaite rendre mon travail à temps... inch Allah !
mercredi 19 mars 2008
jeudi 13 mars 2008
Périple syrien, du 1er au 10 mars 2008
Voilà bientôt deux semaines que les pages de mon blog sont restées vierges. Non seulement le temps me manquait, en plus de ça les cybers cafés se font souvent rares en Syrie, mais surtout, je n'avais pas vraiment envie d'écrire, donc pas la peine de se forcer.
Oui mais voilà, il me fallait garder un vrai bon souvenir d'Amman, c'est chose faite. Une belle paire de béquilles toutes neuves, qui brillent de mille feux ! Du coup, je sais pas si vous avez réussi à visualiser un peu la topographie de la capitale jordanienne à travers mes photos, mais en béquille c'est pas facile...Donc je pense passer mon après-midi tranquille dans ma chambre. Sami vient de partir vers Eskisheir, Rizlaine ne viendra me rendre visite que ce soir, histoire de voir si j'ai encore assez de vivre pour passer la nuit, donc du coup, l'envie d'écrire me revient, bizarrement... Je vais donc essayer de retracer ces dix jours en Syrie, riche en...plein de choses !
Samedi 1er mars:
Le bus pour Alep part de la gare routière d'Abdali dans moins d'une heure. Nous sommes posés avec Rizlaine dans un petit snack qui fait d'excellents sandwichs aux...rognons! Cette adresse devrait d'ailleurs être indiquée dans tous les guides de Jordanie, mais il ne figure toujours pas dans le lonely planet(quelle honte !). Le soleil et le son des cloches nous bercent et nous laissent entrevoir de beaux jours à venir. Enfin un peu de détente, on oublie les problèmes du camp, un peu de légerté ne devrait pas me faire du mal car ces derniers jours commençaient à devenir pesants. Le Jordan Times sous les yeux, les problèmes des Palestiniens me reviennent cependant vite à l'esprit. Et l'ampleure de la connerie humaine par la même occasion. Un ministre Israélien promet une shoah pour les dirigeants du Hamas. Plus va et moins les Israéliens comprennent comment résoudre le problème! Bon, légerté légerté, tel est le mot d'ordre pour les jours à venir.
Le bus part à l'heure et nous devrions arriver à Alep vers 22h30. Nous passons la frontière sans problèmes et on sent tout de suite que l'on est en Syrie. Les bergers qui font paître leurs moutons sur le terre plein central, les marchands de légumes sur les bas côté, les camions qui arrivent en sens inverse, tout ça sur l'autoroute et surtout les portraits de la famille al Assad tout les kilomètre... welcome to Syria !
La première forte expérience du voyage aura eu le lieu dans le bus. Notre chauffeur est un véritable fou du volant. Pas une seule voiture ne nous a doublé entre Amman et Alep! Je n'avais jamais imaginé qu'un bus puissent rouler aussi vite. Je lui demanderais bien de ralentir mais de toute façon ça ne servirait à rien, je connais déjà la réponse. “Inch Allah...“ Les gens pensent vraiment que tout est écrit. Pour eux, on a autant de chance de mourir d'un accident à 140km/h dans un 4L qu'à 50 dans une mercedes toute neuve. Du moment qu'Allah l'a décidé, c'est comme ça !
En plus, il discute avec son copilote, nous invite à partager son repas qu'il consomme tout en conduisant, rigole lorsque l'on croise une voiture fraichement réduite à néant par un camion...
Bref, nous arrivons à Alep en 7h, soit un peu plus d'une heure d'avance sur l'horaire prévu.
Shoukran kteer Allah !!!
Nous arrivons à quelques centaines de mètres de notre hôtel où Sami est arrivé depuis une heure après un très long trajet depuis Paris. Ca fait bien plaisir, un peu bizarre aussi, de le retrouver à 4000kms de notre “beau“ pays.
Nous passons une soirée plutôt calme à découvrir Alep de nuit, avant d'attaquer sa citadelle et son souk dès le lendemain matin.
Nous nous étions fait avec Rizlaine une idée d'Alep un peu trop belle après notre visite de Damas. D'après les livres que j'avais pu lire et les descriptions des voyageurs, je m'attendais a trouver une ville figée dans le temps, encore au Moyen-Age, telle que les Croisés auraient pû la découvrir (j'exagère à peine...). Ce ne sera pas le cas, si ce n'est au point de vue des moeurs, en particulier en ce qui concerne les femmes, voilées de la tête au pied pour la plupart!
Les marchands du souk parlent parfaitement français, et j'ai une forte impression de déjà vue peut-être le Grand Bazar d' Istanbul...? On trouvera certes des coins un peu plus traditionnels, mais cependant loin de tout ce que j'avais pu imaginer. Sami est pour sa part conquis, avec Rizlaine, on gardera une certaine déception jusqu'à notre départ, même si on ne peut tout de même pas contester le charme de cette ville.
Départ le lundi soir pour Lattakia où nous passons la soirée avant de partir visiter, le site d'Ugarit. Site datant du XVé siècle avant J.C. c'est aussi là qu'a été retrouvé les traces du premier alphabet. Malheureusement avec Sami, nous avons du mal a vraiment réaliser devant l'ampleur du site. Le tout n'est qu'un tas de ruines, sommes toute bien conservées pour l'époque, mais un tas de ruines quand même...Heureusement que Rizlaine est là pour nous faire un peu revivre le site en éveillant notre imagination car sinon, je n'aurais pas gardé un train grand souvenir de ce lieu en friche, où on peut voir des vaches brouter tranquillement au milieu des ruines. La mer n'est qu'à quelques centaines de mètres ce qui donne toutefois un peu plus de charme aux lieux.
Ensuite direction le château de Saladin. Normalement fermé le mardi, nous avons de la chance de pouvoir le visiter. En plus, il n'y a aucun visiteur avec nous. Nous voilà donc parti a explorer le château dont certaines parties sont complètement en ruines. On oublie les mesures de sécurité, pas de lumières dans les salles obscures, des escaliers en ruine, aucune rambarde pour éviter des chutes de trente mètres. On a un peu l'impression d'être des aventuriers à la recherche d'un trésor... Les paysages aux alentours sont eux aussi magnifiques, des collines, des grandes gorges de chaque côté du château, des forêts, un grand lac au loin. Belle après-midi dans ce petit coin verdoyant de la Syrie !
De retour à Lattakia, nous repassons à l'hôtel récupéré nos bagages. Nous sommes d'ailleurs plutôt content de partir, car le propriétaire de la pension était plus qu'emmerdant ! Il surveillait nos moindres faits et gestes, jusqu'à inspecter mes yeux en rentrant le soir afin de s'assurer que nous n'avions pas consommé de substances illicites... Dans un pays où la simple consommation vaut un petit séjour de 17 ans de prison, on s'en passera cher monsieur.
Taxi, gare routière, police, passeport, départ, police, passeport, route, route, route, Tartus, pension, interrogatoire, ça y est enfin tranquille pendant trois jours !!!
Nous ne tardons pas a rencontrer des Syriens. Ce sera l'occasion de s'abreuver d'un peu de foot, ça faisait très longtemps et ça commençait vraiment à me manquer. Seul problème, la place de Rizlaine...à l'hôtel. N'oublions pas qu'une fille n'a rien à faire dans un café en Syrie, surtout dans ce genre de lieux au public exclusivement masculin. Elle a déjà fait l'objet de toutes les conversations lorsque nous sommes venus nous installer en terrasse en fin d'après-midi, donc pas question qu'elle prenne place en plein milieu du café en fumant un narghileh, tout en sirotant du maté devant un match de foot.
L'heure est donc venue de faire des excuses publiques à Rizlaine!
Je n'ai pas toujours été bien gentil avec elle pendant les vacances, et même si je ne pensais pas les propos machistes que je tenais devant elle pour la taquiner, ce n'était parfois pas très intelligent, surtout lorsque tout les jours, elle avait droit à des réflexions ou des regards lui rappelant que même si elle était occidentale, elle restait tout de même une femme dans cette partie du monde...C'est d'ailleurs une des choses regrettable de la région. Les femmes n'ont pas beaucoup de droits et restent entièrement à la disposition des hommes. C'est un peu vite résumé certes, mais c'est malheureusement la réalité. Je n'ai peut-être pas à juger les meurs locales, mais je n'arriverai jamais vraiment à accepter que trois femmes doivent se partager un mari, ne puiissent pas se montrer dans leur foyer devant des invités auxquelles elles préparent de merveilleux repas ou encore être “obligées“ de sortir avec un épais voile noir devant les yeux. Je ne remets pas en cause le port du voile, à condition qu'il soit porté dans des proportions raisonnables. Encore une fois, le problème reste le même, plus les musulmans seront stigmatisés, plus ils se tourneront vers l'extrêmisme. Pour faire le lien avec le voile, la Turquie est l'exemple parfait. Après avoir fait de nombreux efforts pour rentrer dans l'Europe et essuyé plusieurs refus, la laïcité à petit à petit perdu du terrain pour laisser place à des partis plus tournés vers la religion. L'AKP d' Erdogan, au pouvoir depuis 2003 vient récemment de supprimer la loi sur l'interdiction du port du voile dans les universités Turques. Ca commence comme ça...
Bon si on en revenait aux vacances...Donc Tartus, petite ville agréable de bord de mer, même si on ne peut pas vraiment y accéder. Nous profitons de la journée de mercredi pour récupérer un peu des premiers jours assez fatiguant. Réveil tardif, petit déj' au knafa (un merveilleux dessert oriental!!!), puis direction l'île d'Arouad, au large de Tartous. Il faut prendre un petit bateau sur lequel s'entassent une quarantaine de passagers. Le nombre n'est pas limité, la seule condition est de trouver un place, n'importe où tant qu'on peut réussir à s'assoir. Après une vingtaine de minutes de traversée, nous voici arriver dans le port de la petite île. Elle ne fait que 800m d'est en ouest et 500 du nord au sud, entièrement recouverte de charmant petits immeubles, la densité de population y est très importante. Cependant, cela ne gâche rien aux charmes des lieux. Les petites ruelles s'entremêlent autour des ruines du château, les enfants jouent au foot le long des anciens remparts datant de l'époque Phénicienne et les vieux fument leur narghileh sur le port de poche où sont entassées les petits bateaux en bois avec leur pavillon Syrien.
Nous nous attablons le long du port, sous les tôles d'un petit restaurant. Les plats de poissons arrivent accompagnés de mezzés, de salades, de fruits, d'un petit vin bl...(ha non je rêve là, on est en Syrie, c'était du pepsi...). Nous restons trois heures à tables à regarder les bateaux arriver et partir, les chats se battre pour un bout de poisson ou encore les serveurs balancer les déchets à la mer (la Méditerranée fait malheureusement aussi office de décharger ici). Nous quittons enfin la terrasse pour se balader au hasard des rues et le long des anciens remparts. Le soleil descend doucement sur la mer, nous repartons donc vers le port afin de ne pas manquer le dernier bateau. Nous retrouverons nos amis Syriens avec qui nous passerons une nouvelle soirée, mais avec Rizlaine cette fois-ci !
Le lendemain matin, nous arrivons a nous réveiller assez tôt pour partir vers le Krak des Chevaliers, impressionnant château fort situé au sommet d'une colline faisant face au Mont Liban enneigé. Notre chauffeur nous tient ensuite à nous faire découvrir un monastère orthodoxe situé à quelques kilomètres du Krak. Le lieu est extrêmement paisible, et donnerais presque envie d' y séjourner quelques jours...Comme d'habitude pour les gens du coin je suis chrétien, notre chauffeur aussi, j'échappe de peu à la prière collective que j'aurais eu bien du mal à faire! C'est intéressant de voire comme les Chrétiens ont une manière différente de vivre leur religion ici. Petit exemple, le jeûne du Carême dure 50 jours (même les musulmans semblent préférer leur Ramadan).
Nous repartons vers Tartus, les paysages sont encore une fois magnifiques. Nous traversons des petits villages desservis par de simples chemins de terre et où le temps semble s'être arrêté. Le soleil descend au loin et plus personnes ne parle dans la voiture, seule la musique orientale nous berce et nous enfonce un peu plus dans nos pensées...
Nous retrouvons nos amis à Tartus pour profiter de notre dernière soirée au bord de la Méditerranée. Petit resto en bord de mer avec des mezzés plein la table. Les plats sont à peine arrivés que la TV en face de nous diffuse des images de terreur dans une ville qui semble bien être Jérusalem. Inutile d'en dire plus, on se doute déjà de ce qu'il vient de se passer. La réponse du berger à la bergère, ou, qui sème le vent récolte la tempête... Les terroristes palestiniens répondent lâchement à l'armée israélienne en s'en prenant à des civils qui n'approuvent pas forcément les décisions de leur gouvernement envers Gaza. Oui mais voilà, ce genre d'évènement continuera encore longtemps si le Hamas et le gouvernement israélien ne changent pas leur politique.
Difficile de trouver l'appétit devant de telles images... Nous passons tout de même une bonne soirée, terminée sur la corniche et sous le ciel étoilé de Tartus. Encore une fois des rêves pleins la tête!
Réveil très très difficile le lendemain matin pour aller à Palmyre, à plus de trois heures de bus, au milieu du désert en direction de l'Irak. Encore une fois, les paysages nous laissent sans voie même s'ils sont totalement différents de ce que l'on a pu voir jusqu'à présent. Dans cette région la pluie ne tombe que très épisodiquement entre décembre et février, pas une goutte le reste de l'année. Le soleil derrière la vitre tape d'ailleurs très fort et la température à augmenté d'une petite dizaine de degrés en moins de 100km. La musique dans les oreilles, je dévore des yeux les paysages! Le bus est blindé, on a même installé des chaises en plastique au milieu de l'allée centrale afin de gagner quelques passagers de plus. Un jeune Syrien de 21ans est assis avec un autre passager entre le chauffeur et moi derrière le pare brise. Nous commençons à discuter, et il tient absolument à nous inviter à boire un thé chez lui. Nous acceptons même si nous ne disposons pas de beaucoup de temps. L'architecture de la ville est très différent de ce que l'on a pu voir jusqu'à maintenant. On se croirait plus dans le sud de l'Algérie qu'en Syrie. Nous partons ensuite vers l'immense site de Palmyre, vraiment très impressionnant. Les ruines de la ville antique sont dominées par un château arabe du XIIIè siècle perchée sur une grosse colline à deux kilomètres. Les montagnes se dessinent au loin et prennent des teintes différentes au fur et à mesure que descend le soleil. Il est déjà l'heure de partir, mais ce détour vers Palmyre m'aura réellement donné envie de revenir visiter l'est du pays.
Nous arrivons à Damas et il ne nous faudra que quelques petites minutes pour être reconquis par le charme de cette ville. Pierre nous accueil dans la maison de M. l'Hôpital, et Sami pourra ainsi constater que nous n'avions pas exagéré avec Rizlaine sur la beauté de la “petite“ demeure... Soirée un peu arrosée, nous n'avions pas touché, ni Rizlaine ni moi, à une seule goute d'alcool depuis trois semaines. Il ne faudra pas longtemps pour sombrer face aux quelques verres d'Arak que nous servira notre hôte... Le premier muezzin fait entendre sa voix dans Damas, j'en profite pour m'échapper sur le toit de la maison d'où l'on peut admirer toutes les lumières de la ville qui dévorent les montagnes environnantes. Les minarets éclairés de lumières vertes, les églises de bleu, les palmiers, les toits de la ville et toutes ses lumières le tout accompagnés des chants de tout les muezzins juste avant le levé du soleil. La scène est tout simplement magique!!! Cela me redonne de l'énergie pour continuer encore un peu la soirée. Le marchand de sable ne passera d'ailleurs qu'à 6h30, alors que le soleil brille déjà haut dans le ciel.
Pas la peine d'en rajouter beaucoup sur Damas, si ce n'est que nous avons cette fois-ci fait la rencontre de nombreuses personnes que j'espère bien revoir dès l'année prochaine, mais pour un temps un peu plus long, inch Allah.
La magie des milles et une nuit à aussi eu l'air de s'emparer de Sami qui semble vouloir revenir au plus vite dans la plus vieille capitale du monde. Surtout après la hamam de dimanche soir, encore plus beau que celui de la dernière fois, même si cela perd du coup un peu en authenticité. Dernière soirée avec nos amis. Echange des adresses mail et dodo tardif avant de repartir vers Amman.
Ce n'est pas très facile de raconter un voyage, tout ce qu'on a vu, senti, touché. Le plus intéressant aurait été de parler de toutes ces personnes que nous avons rencontré au cours de notre séjour, de ce qu'elles ont pu nous apprendre, chacune à leur manière , en particulier en ce qui concerne la démocratie et les libertés en Syrie. Merci à Mokhles, Ali, Mustafa, Mazen, Pierre, François, Maël, les vendeurs de lunettes, de tapis, les profs de fac, les expats, etc... Toutefois, je ne préfère pas m'étendre sur le sujet. Ce que l'on peut dire en résumé, c'est que certains (les bons citoyens?), seraient prêt à tout pour leur pays, leur président ou encore l'ensemble du monde arabe. D'autres vivent leur vie comme ils le peuvent, en profitant au maximum de leurs libertés et en se soumettant aux lois de ce régime qu'ils ne pensent pas voir changer très rapidement.
Nous avons tous été très surpris de constater une telle présence policière dans la vie de tous les jours. Tout est inscrit dans de grands cahiers. La police pourrait retracer notre séjour en Syrie sans la moindre difficulté. Même pour se rendre en “bateau-barque“ sur l'île d'Arouad il nous aura fallut présenter notre passeport. Quelqu'un est là pour tout noter. Dans les hôtels, même tarif. “De quelle ville venez vous, que faites vous en Syrie, ville de naissance, prénom de la mère, du père, etc...“. On a même était jusqu'à nous demander une photocopie du passeport en plus de tout les renseignements déjà donnés.
Je rédige ces lignes à moins de deux heures de mon départ pour la France, le coeur un peu gros de quitter toutes les personnes rencontrées au cours de ce mois et demi. Malheureusement, il n'y a que très peu de chance pour que des Jordaniens me rendent visite vu la difficulté d' obtenir un visa pour la France. Seul Hani est sûr de venir, j'attends déjà avec impatience de le retrouver en France. Pour ce qui est de Raëd, Ali, Youssef, Walid, Youssef (bis), Sami, et toutes les autres personnes que j'ai pu rencontrer au cours de mon séjour, il me faudra attendre de revenir ici pour espérer les revoir.... inch Allah!
Oui mais voilà, il me fallait garder un vrai bon souvenir d'Amman, c'est chose faite. Une belle paire de béquilles toutes neuves, qui brillent de mille feux ! Du coup, je sais pas si vous avez réussi à visualiser un peu la topographie de la capitale jordanienne à travers mes photos, mais en béquille c'est pas facile...Donc je pense passer mon après-midi tranquille dans ma chambre. Sami vient de partir vers Eskisheir, Rizlaine ne viendra me rendre visite que ce soir, histoire de voir si j'ai encore assez de vivre pour passer la nuit, donc du coup, l'envie d'écrire me revient, bizarrement... Je vais donc essayer de retracer ces dix jours en Syrie, riche en...plein de choses !
Samedi 1er mars:
Le bus pour Alep part de la gare routière d'Abdali dans moins d'une heure. Nous sommes posés avec Rizlaine dans un petit snack qui fait d'excellents sandwichs aux...rognons! Cette adresse devrait d'ailleurs être indiquée dans tous les guides de Jordanie, mais il ne figure toujours pas dans le lonely planet(quelle honte !). Le soleil et le son des cloches nous bercent et nous laissent entrevoir de beaux jours à venir. Enfin un peu de détente, on oublie les problèmes du camp, un peu de légerté ne devrait pas me faire du mal car ces derniers jours commençaient à devenir pesants. Le Jordan Times sous les yeux, les problèmes des Palestiniens me reviennent cependant vite à l'esprit. Et l'ampleure de la connerie humaine par la même occasion. Un ministre Israélien promet une shoah pour les dirigeants du Hamas. Plus va et moins les Israéliens comprennent comment résoudre le problème! Bon, légerté légerté, tel est le mot d'ordre pour les jours à venir.
Le bus part à l'heure et nous devrions arriver à Alep vers 22h30. Nous passons la frontière sans problèmes et on sent tout de suite que l'on est en Syrie. Les bergers qui font paître leurs moutons sur le terre plein central, les marchands de légumes sur les bas côté, les camions qui arrivent en sens inverse, tout ça sur l'autoroute et surtout les portraits de la famille al Assad tout les kilomètre... welcome to Syria !
La première forte expérience du voyage aura eu le lieu dans le bus. Notre chauffeur est un véritable fou du volant. Pas une seule voiture ne nous a doublé entre Amman et Alep! Je n'avais jamais imaginé qu'un bus puissent rouler aussi vite. Je lui demanderais bien de ralentir mais de toute façon ça ne servirait à rien, je connais déjà la réponse. “Inch Allah...“ Les gens pensent vraiment que tout est écrit. Pour eux, on a autant de chance de mourir d'un accident à 140km/h dans un 4L qu'à 50 dans une mercedes toute neuve. Du moment qu'Allah l'a décidé, c'est comme ça !
En plus, il discute avec son copilote, nous invite à partager son repas qu'il consomme tout en conduisant, rigole lorsque l'on croise une voiture fraichement réduite à néant par un camion...
Bref, nous arrivons à Alep en 7h, soit un peu plus d'une heure d'avance sur l'horaire prévu.
Shoukran kteer Allah !!!
Nous arrivons à quelques centaines de mètres de notre hôtel où Sami est arrivé depuis une heure après un très long trajet depuis Paris. Ca fait bien plaisir, un peu bizarre aussi, de le retrouver à 4000kms de notre “beau“ pays.
Nous passons une soirée plutôt calme à découvrir Alep de nuit, avant d'attaquer sa citadelle et son souk dès le lendemain matin.
Nous nous étions fait avec Rizlaine une idée d'Alep un peu trop belle après notre visite de Damas. D'après les livres que j'avais pu lire et les descriptions des voyageurs, je m'attendais a trouver une ville figée dans le temps, encore au Moyen-Age, telle que les Croisés auraient pû la découvrir (j'exagère à peine...). Ce ne sera pas le cas, si ce n'est au point de vue des moeurs, en particulier en ce qui concerne les femmes, voilées de la tête au pied pour la plupart!
Les marchands du souk parlent parfaitement français, et j'ai une forte impression de déjà vue peut-être le Grand Bazar d' Istanbul...? On trouvera certes des coins un peu plus traditionnels, mais cependant loin de tout ce que j'avais pu imaginer. Sami est pour sa part conquis, avec Rizlaine, on gardera une certaine déception jusqu'à notre départ, même si on ne peut tout de même pas contester le charme de cette ville.
Départ le lundi soir pour Lattakia où nous passons la soirée avant de partir visiter, le site d'Ugarit. Site datant du XVé siècle avant J.C. c'est aussi là qu'a été retrouvé les traces du premier alphabet. Malheureusement avec Sami, nous avons du mal a vraiment réaliser devant l'ampleur du site. Le tout n'est qu'un tas de ruines, sommes toute bien conservées pour l'époque, mais un tas de ruines quand même...Heureusement que Rizlaine est là pour nous faire un peu revivre le site en éveillant notre imagination car sinon, je n'aurais pas gardé un train grand souvenir de ce lieu en friche, où on peut voir des vaches brouter tranquillement au milieu des ruines. La mer n'est qu'à quelques centaines de mètres ce qui donne toutefois un peu plus de charme aux lieux.
Ensuite direction le château de Saladin. Normalement fermé le mardi, nous avons de la chance de pouvoir le visiter. En plus, il n'y a aucun visiteur avec nous. Nous voilà donc parti a explorer le château dont certaines parties sont complètement en ruines. On oublie les mesures de sécurité, pas de lumières dans les salles obscures, des escaliers en ruine, aucune rambarde pour éviter des chutes de trente mètres. On a un peu l'impression d'être des aventuriers à la recherche d'un trésor... Les paysages aux alentours sont eux aussi magnifiques, des collines, des grandes gorges de chaque côté du château, des forêts, un grand lac au loin. Belle après-midi dans ce petit coin verdoyant de la Syrie !
De retour à Lattakia, nous repassons à l'hôtel récupéré nos bagages. Nous sommes d'ailleurs plutôt content de partir, car le propriétaire de la pension était plus qu'emmerdant ! Il surveillait nos moindres faits et gestes, jusqu'à inspecter mes yeux en rentrant le soir afin de s'assurer que nous n'avions pas consommé de substances illicites... Dans un pays où la simple consommation vaut un petit séjour de 17 ans de prison, on s'en passera cher monsieur.
Taxi, gare routière, police, passeport, départ, police, passeport, route, route, route, Tartus, pension, interrogatoire, ça y est enfin tranquille pendant trois jours !!!
Nous ne tardons pas a rencontrer des Syriens. Ce sera l'occasion de s'abreuver d'un peu de foot, ça faisait très longtemps et ça commençait vraiment à me manquer. Seul problème, la place de Rizlaine...à l'hôtel. N'oublions pas qu'une fille n'a rien à faire dans un café en Syrie, surtout dans ce genre de lieux au public exclusivement masculin. Elle a déjà fait l'objet de toutes les conversations lorsque nous sommes venus nous installer en terrasse en fin d'après-midi, donc pas question qu'elle prenne place en plein milieu du café en fumant un narghileh, tout en sirotant du maté devant un match de foot.
L'heure est donc venue de faire des excuses publiques à Rizlaine!
Je n'ai pas toujours été bien gentil avec elle pendant les vacances, et même si je ne pensais pas les propos machistes que je tenais devant elle pour la taquiner, ce n'était parfois pas très intelligent, surtout lorsque tout les jours, elle avait droit à des réflexions ou des regards lui rappelant que même si elle était occidentale, elle restait tout de même une femme dans cette partie du monde...C'est d'ailleurs une des choses regrettable de la région. Les femmes n'ont pas beaucoup de droits et restent entièrement à la disposition des hommes. C'est un peu vite résumé certes, mais c'est malheureusement la réalité. Je n'ai peut-être pas à juger les meurs locales, mais je n'arriverai jamais vraiment à accepter que trois femmes doivent se partager un mari, ne puiissent pas se montrer dans leur foyer devant des invités auxquelles elles préparent de merveilleux repas ou encore être “obligées“ de sortir avec un épais voile noir devant les yeux. Je ne remets pas en cause le port du voile, à condition qu'il soit porté dans des proportions raisonnables. Encore une fois, le problème reste le même, plus les musulmans seront stigmatisés, plus ils se tourneront vers l'extrêmisme. Pour faire le lien avec le voile, la Turquie est l'exemple parfait. Après avoir fait de nombreux efforts pour rentrer dans l'Europe et essuyé plusieurs refus, la laïcité à petit à petit perdu du terrain pour laisser place à des partis plus tournés vers la religion. L'AKP d' Erdogan, au pouvoir depuis 2003 vient récemment de supprimer la loi sur l'interdiction du port du voile dans les universités Turques. Ca commence comme ça...
Bon si on en revenait aux vacances...Donc Tartus, petite ville agréable de bord de mer, même si on ne peut pas vraiment y accéder. Nous profitons de la journée de mercredi pour récupérer un peu des premiers jours assez fatiguant. Réveil tardif, petit déj' au knafa (un merveilleux dessert oriental!!!), puis direction l'île d'Arouad, au large de Tartous. Il faut prendre un petit bateau sur lequel s'entassent une quarantaine de passagers. Le nombre n'est pas limité, la seule condition est de trouver un place, n'importe où tant qu'on peut réussir à s'assoir. Après une vingtaine de minutes de traversée, nous voici arriver dans le port de la petite île. Elle ne fait que 800m d'est en ouest et 500 du nord au sud, entièrement recouverte de charmant petits immeubles, la densité de population y est très importante. Cependant, cela ne gâche rien aux charmes des lieux. Les petites ruelles s'entremêlent autour des ruines du château, les enfants jouent au foot le long des anciens remparts datant de l'époque Phénicienne et les vieux fument leur narghileh sur le port de poche où sont entassées les petits bateaux en bois avec leur pavillon Syrien.
Nous nous attablons le long du port, sous les tôles d'un petit restaurant. Les plats de poissons arrivent accompagnés de mezzés, de salades, de fruits, d'un petit vin bl...(ha non je rêve là, on est en Syrie, c'était du pepsi...). Nous restons trois heures à tables à regarder les bateaux arriver et partir, les chats se battre pour un bout de poisson ou encore les serveurs balancer les déchets à la mer (la Méditerranée fait malheureusement aussi office de décharger ici). Nous quittons enfin la terrasse pour se balader au hasard des rues et le long des anciens remparts. Le soleil descend doucement sur la mer, nous repartons donc vers le port afin de ne pas manquer le dernier bateau. Nous retrouverons nos amis Syriens avec qui nous passerons une nouvelle soirée, mais avec Rizlaine cette fois-ci !
Le lendemain matin, nous arrivons a nous réveiller assez tôt pour partir vers le Krak des Chevaliers, impressionnant château fort situé au sommet d'une colline faisant face au Mont Liban enneigé. Notre chauffeur nous tient ensuite à nous faire découvrir un monastère orthodoxe situé à quelques kilomètres du Krak. Le lieu est extrêmement paisible, et donnerais presque envie d' y séjourner quelques jours...Comme d'habitude pour les gens du coin je suis chrétien, notre chauffeur aussi, j'échappe de peu à la prière collective que j'aurais eu bien du mal à faire! C'est intéressant de voire comme les Chrétiens ont une manière différente de vivre leur religion ici. Petit exemple, le jeûne du Carême dure 50 jours (même les musulmans semblent préférer leur Ramadan).
Nous repartons vers Tartus, les paysages sont encore une fois magnifiques. Nous traversons des petits villages desservis par de simples chemins de terre et où le temps semble s'être arrêté. Le soleil descend au loin et plus personnes ne parle dans la voiture, seule la musique orientale nous berce et nous enfonce un peu plus dans nos pensées...
Nous retrouvons nos amis à Tartus pour profiter de notre dernière soirée au bord de la Méditerranée. Petit resto en bord de mer avec des mezzés plein la table. Les plats sont à peine arrivés que la TV en face de nous diffuse des images de terreur dans une ville qui semble bien être Jérusalem. Inutile d'en dire plus, on se doute déjà de ce qu'il vient de se passer. La réponse du berger à la bergère, ou, qui sème le vent récolte la tempête... Les terroristes palestiniens répondent lâchement à l'armée israélienne en s'en prenant à des civils qui n'approuvent pas forcément les décisions de leur gouvernement envers Gaza. Oui mais voilà, ce genre d'évènement continuera encore longtemps si le Hamas et le gouvernement israélien ne changent pas leur politique.
Difficile de trouver l'appétit devant de telles images... Nous passons tout de même une bonne soirée, terminée sur la corniche et sous le ciel étoilé de Tartus. Encore une fois des rêves pleins la tête!
Réveil très très difficile le lendemain matin pour aller à Palmyre, à plus de trois heures de bus, au milieu du désert en direction de l'Irak. Encore une fois, les paysages nous laissent sans voie même s'ils sont totalement différents de ce que l'on a pu voir jusqu'à présent. Dans cette région la pluie ne tombe que très épisodiquement entre décembre et février, pas une goutte le reste de l'année. Le soleil derrière la vitre tape d'ailleurs très fort et la température à augmenté d'une petite dizaine de degrés en moins de 100km. La musique dans les oreilles, je dévore des yeux les paysages! Le bus est blindé, on a même installé des chaises en plastique au milieu de l'allée centrale afin de gagner quelques passagers de plus. Un jeune Syrien de 21ans est assis avec un autre passager entre le chauffeur et moi derrière le pare brise. Nous commençons à discuter, et il tient absolument à nous inviter à boire un thé chez lui. Nous acceptons même si nous ne disposons pas de beaucoup de temps. L'architecture de la ville est très différent de ce que l'on a pu voir jusqu'à maintenant. On se croirait plus dans le sud de l'Algérie qu'en Syrie. Nous partons ensuite vers l'immense site de Palmyre, vraiment très impressionnant. Les ruines de la ville antique sont dominées par un château arabe du XIIIè siècle perchée sur une grosse colline à deux kilomètres. Les montagnes se dessinent au loin et prennent des teintes différentes au fur et à mesure que descend le soleil. Il est déjà l'heure de partir, mais ce détour vers Palmyre m'aura réellement donné envie de revenir visiter l'est du pays.
Nous arrivons à Damas et il ne nous faudra que quelques petites minutes pour être reconquis par le charme de cette ville. Pierre nous accueil dans la maison de M. l'Hôpital, et Sami pourra ainsi constater que nous n'avions pas exagéré avec Rizlaine sur la beauté de la “petite“ demeure... Soirée un peu arrosée, nous n'avions pas touché, ni Rizlaine ni moi, à une seule goute d'alcool depuis trois semaines. Il ne faudra pas longtemps pour sombrer face aux quelques verres d'Arak que nous servira notre hôte... Le premier muezzin fait entendre sa voix dans Damas, j'en profite pour m'échapper sur le toit de la maison d'où l'on peut admirer toutes les lumières de la ville qui dévorent les montagnes environnantes. Les minarets éclairés de lumières vertes, les églises de bleu, les palmiers, les toits de la ville et toutes ses lumières le tout accompagnés des chants de tout les muezzins juste avant le levé du soleil. La scène est tout simplement magique!!! Cela me redonne de l'énergie pour continuer encore un peu la soirée. Le marchand de sable ne passera d'ailleurs qu'à 6h30, alors que le soleil brille déjà haut dans le ciel.
Pas la peine d'en rajouter beaucoup sur Damas, si ce n'est que nous avons cette fois-ci fait la rencontre de nombreuses personnes que j'espère bien revoir dès l'année prochaine, mais pour un temps un peu plus long, inch Allah.
La magie des milles et une nuit à aussi eu l'air de s'emparer de Sami qui semble vouloir revenir au plus vite dans la plus vieille capitale du monde. Surtout après la hamam de dimanche soir, encore plus beau que celui de la dernière fois, même si cela perd du coup un peu en authenticité. Dernière soirée avec nos amis. Echange des adresses mail et dodo tardif avant de repartir vers Amman.
Ce n'est pas très facile de raconter un voyage, tout ce qu'on a vu, senti, touché. Le plus intéressant aurait été de parler de toutes ces personnes que nous avons rencontré au cours de notre séjour, de ce qu'elles ont pu nous apprendre, chacune à leur manière , en particulier en ce qui concerne la démocratie et les libertés en Syrie. Merci à Mokhles, Ali, Mustafa, Mazen, Pierre, François, Maël, les vendeurs de lunettes, de tapis, les profs de fac, les expats, etc... Toutefois, je ne préfère pas m'étendre sur le sujet. Ce que l'on peut dire en résumé, c'est que certains (les bons citoyens?), seraient prêt à tout pour leur pays, leur président ou encore l'ensemble du monde arabe. D'autres vivent leur vie comme ils le peuvent, en profitant au maximum de leurs libertés et en se soumettant aux lois de ce régime qu'ils ne pensent pas voir changer très rapidement.
Nous avons tous été très surpris de constater une telle présence policière dans la vie de tous les jours. Tout est inscrit dans de grands cahiers. La police pourrait retracer notre séjour en Syrie sans la moindre difficulté. Même pour se rendre en “bateau-barque“ sur l'île d'Arouad il nous aura fallut présenter notre passeport. Quelqu'un est là pour tout noter. Dans les hôtels, même tarif. “De quelle ville venez vous, que faites vous en Syrie, ville de naissance, prénom de la mère, du père, etc...“. On a même était jusqu'à nous demander une photocopie du passeport en plus de tout les renseignements déjà donnés.
Je rédige ces lignes à moins de deux heures de mon départ pour la France, le coeur un peu gros de quitter toutes les personnes rencontrées au cours de ce mois et demi. Malheureusement, il n'y a que très peu de chance pour que des Jordaniens me rendent visite vu la difficulté d' obtenir un visa pour la France. Seul Hani est sûr de venir, j'attends déjà avec impatience de le retrouver en France. Pour ce qui est de Raëd, Ali, Youssef, Walid, Youssef (bis), Sami, et toutes les autres personnes que j'ai pu rencontrer au cours de mon séjour, il me faudra attendre de revenir ici pour espérer les revoir.... inch Allah!
vendredi 29 février 2008
http://www.cbsp.fr/
Allez donc faire un petit tour sur ce lien histoire de vous divertir un peu...
C'est pas très cher et ça peut rapporter gros à certains.
C'est pas très cher et ça peut rapporter gros à certains.
jeudi 28 février 2008
Derniers jours à Wihdat
Bon, alors je recommence, vu que mon pu.... d'ordi vient de buger juste avant le point final.
Il me fait des caprices pour que je le laisse un peu en paix, que je lui offre une retraite bien méritée, mais il peut rêver, car ce n’est pas après des études de géographie que je vais pouvoir m'en acheter un nouveau, il va donc falloir tenir encore un bon moment mon ami!
Enfin, ça donnait à peu près ça.
Voilà quelques jours que je n'ai pas écris de messages pour alimenter mon blog qui crierait presque famine. En même temps ces derniers jours, je les ai passés à bosser, dans le camp ou dans ma chambre, afin de terminer correctement mes recherches avant de partir pour la Syrie samedi matin. Les derniers moments à Wihdat se rapprochent donc d’heure en heure. Plus l’échéance arrive, moins j’ai envie de partir et plus l’idée de revenir l’année prochaine me trotte dans la tête… Je ne sais cependant pas encore de quoi mon avenir proche sera fait. Si j’avais la certitude de pouvoir devenir chercheur (chose qui me semble vraiment bien difficile) je n’hésiterais pas une seconde pour me lancer dans l’aventure. Il me reste encore quelques mois (jours ?) pour me décider.
Cette expérience aura vraiment été exceptionnelle mais aussi très bénéfique si jamais je dois continuer dans cette voie. J’ai appris plus en un mois qu’au travers de la trentaine de livres que j’ai lu sur le sujet avant de venir ici. L’échange avec la population, de Wihdat ou du reste de la ville, m’a permis de me faire mon propre avis sur le problème palestinien et de me rendre compte que beaucoup de généralités écrites dans les livres ne sont pas toujours vérifiables sur place. Je penses en particulier à une chose toute bête, mais un auteur avait affirmé que le marché du camp était principalement fréquenté le vendredi…Nous n’avons certainement pas étudié le même lieu au vu de ce que j’ai pu constater la semaine dernière et ce que m’ont dit les marchands eux-mêmes…
Pareil en ce qui concerne l’idée que se font les gens d’un camp de réfugié. Premièrement à Amman, il faut être un grand spécialiste pour réussir à en délimiter les frontières. Ensuite, sa population est de loin la plus amicale que j’ai rencontré dans le pays. Ces derniers jours, je n’arrivais plus à bosser tellement je voulais profiter du temps qu’il me restait pour discuter avec les vendeurs. Et les rares moments où je réussissais à me plonger dans mon étude plus d’une trentaine de minutes d’affilée, les gens m’apportaient des fruits, des légumes, du thé, sans que je ne demande quoi que ce soit. Pareil pour les repas que je partageais la plupart du temps avec eux. Pour la petite histoire, aujourd’hui, j’ai été“obligé“ de manger deux fois en deux heures pour ne pas vexer mes hôtes…
Donc, impossible de mettre en doute l’hospitalité et la gentillesse des palestiniens.
En tout cas, j’aurais eu l’occasion cette année et sans le savoir avant d’arriver, d’assister aux derniers moments de vie du souk. Le maire d’Amman a fait une visite à Wihdat la semaine dernière afin de constater le parfait état d’authenticité dans lequel il était (le camp). La municipalité cherche depuis quelques années à intégrer complètement cet espace au reste de la ville, que ce soit à travers des programmes de réhabilitation de l’habitat ou des infrastructures sanitaires et routières. Comme je le disais un peu plus tôt, il est devenu par moments très difficile de voir que l’on se trouve dans un camp de réfugiés.
Dès l’année prochaine, ce souk, qui est l’un des plus vieux du pays, devrait être rasé pour que l’on en reconstruise un nouveau avec un étage. Finies les vieilles étales construites en même temps que le camp en 1955, plus d’allées en terre et encore moins tout ces fils électriques qui partent dans tous les sens afin d’emmener la lumière au-dessus des stands des marchands.
Le dernier lieu du camp où vivait encore vraiment cet air de Palestine va disparaître pour laisser place à un bâtiment tout neuf, comme ils fleurissent par milliers dans cette Amman galopant vers le futur.
Ce sera aussi le moment de la retraite pour une partie des marchands dont certains approchent des 80 ans mais continuent de venir tous les matins vendre deux ou trois bottes d’oignons dans le seul but de partager un moment avec les gens qui ont fait leur quotidien depuis plus de 50ans. La mémoire de la Palestine continuera ainsi de s’éteindre un peu plus dans le pays, mais aussi dans le monde.
La Jordanie continuera quant à elle de remplir la part officieuse de son contrat passé en même temps que les accords de paix conclus avec Israël à Wadi Arabia en 94 (je ne suis ni sûr du nom, ni de la date), à savoir (jugement personnel) débarrasser l’Etat hébreux d’une grande partie des réfugiés palestiniens du Moyen-Orient en les intégrant au Royaume Hashémite.
C’est impressionnant de voir comme les jeunes générations n’ayant jamais vu la Palestine de leurs propres yeux sont attachées à cette terre par les seuls souvenirs de leurs parents. Il n’est pas rare de voir les yeux de grands gaillards, toujours souriants et déconneurs, se mettre à briller à l’évocation du droit au retour. Tout ça suivi d’un silence de plomb de quelques secondes avant que je relance à chaque fois la même question bête histoire de rompre le malaise “would you come back to Palestine if you could ?“. Toujours la même réponse brève et déterminée “YES !!!“. Même après avoir été au contact de cette population, j’ai du mal à comprendre comment elle peut être aussi attaché à un lieu qu’elle ne connaît même pas.
Pareil lorsqu’ils me demandent si je suis déjà allé à Hébron, Naplouse ou Bethléem, villes magnifiques d’après eux, mais qu’ils n’ont pu voir qu’en photos…Et oui, même si les réfugiés ont la nationalité jordanienne, il leur faut un visa pour visiter ce pays qui était le leur. Etant d’origine palestinienne et en plus habitant à Wihdat, seule une très petite minorité a réussi un jour à fouler le territoire israélien. Certains ont parfois toute une partie de leur famille vivant là-bas mais ils n’ont jamais pu les revoir depuis leur départ. Voilà comment Israël arrive à créer une haine envers les juifs chez une partie de cette population. Et même au niveau mondial, de plus en plus de personnes ont tendance à mélanger juifs et israéliens, comme si nazi était égal à allemand au temps du 3é Reich…Peut-être que la montée de l’antisémitisme est en partie créée par l’Etat d’Israël et la politique qu’il mène au Proche-Orient, en particulier à Gaza où 41 personnes sont encore mortes ce matin... En tout cas, tel est mon point de vue.
Ce séjour aura en tout cas renforcé mes opinions sur une partie des politiciens au pouvoir en Israël qui malheureusement ne résoudront jamais le problème sans accepter de vivre en paix avec les arabes. Cela peut paraître difficile à croire, mais beaucoup de réfugiés ne sont pas contre un même état où cohabiteraient juifs et Arabes. Le Coran lui-même affirme qu’il faut respecter les deux autres religions monothéistes. Les “bons“ musulmans acceptent donc les juifs. Seule une petite partie d’extrémistes comme les membres du Hamas ou du Hezbollah renvoie une image négative de leur religion et de leur peuple, ce qui nous ferait parfois croire que tous les Arabes n’attendent qu’un nouveau génocide. Mais encore une fois, est-ce que la force de ses partis ne vient pas du fait qu’Israël continu ses colonisations en Cisjordanie, construit un mur pour être à l’abris des Arabes (tous terroristes…), maintient les gazaouis dans une prison de quelques dizaines de Kms carrés où les conditions de vie sont en dessous du supportable, etc., etc., etc…
J’ai passé mon dernier jour à Wihdat en tant qu’apprenti chercheur aujourd’hui, c’est pourquoi je m’accorde la liberté de tirer un petit bilan politique de ce qu’il m’a été permis d’observer pendant ce mois partagé avec la population du camp. Et encore, je pourrais continuer sur l’Irak, car de nombreux irakiens sont venus s’installer ici depuis 2003 pour fuir les bombes américaines justifiées par quelques bidons de pétrole supplémentaires pour l'oncle Sam. Raappelons que Bush a eu la bonne idée de faire exécuter Saddam le jour de l’Aïd, histoire d’attiser encore un peu plus la haine de la population locale envers les Etats-Unis. A croire qu’ils collaborent aussi avec Israël pour trouver les meilleures idées afin d’ éviter toute forme de stabilité dans la région…
Bon, fini avec les choses graves, je rejoins Sami dans deux jours à Alep, le ton sera définitivement plus gai et les paysages plus attrayants que ceux du camp… A bientôt si j’ai le temps, pour NOS nouvelles aventures, quasiment un an jour pour jour après notre pacte passé devant le “supermarket“ de la gare routière à Gaziantep en attendant notre bus pour Urfa. Personnellement, je n’étais pas certain que nous arriverions à l’honorer, mais tout vient à point à qui sait attendre, qu’en penses tu Saaaami… ?
Il me fait des caprices pour que je le laisse un peu en paix, que je lui offre une retraite bien méritée, mais il peut rêver, car ce n’est pas après des études de géographie que je vais pouvoir m'en acheter un nouveau, il va donc falloir tenir encore un bon moment mon ami!
Enfin, ça donnait à peu près ça.
Voilà quelques jours que je n'ai pas écris de messages pour alimenter mon blog qui crierait presque famine. En même temps ces derniers jours, je les ai passés à bosser, dans le camp ou dans ma chambre, afin de terminer correctement mes recherches avant de partir pour la Syrie samedi matin. Les derniers moments à Wihdat se rapprochent donc d’heure en heure. Plus l’échéance arrive, moins j’ai envie de partir et plus l’idée de revenir l’année prochaine me trotte dans la tête… Je ne sais cependant pas encore de quoi mon avenir proche sera fait. Si j’avais la certitude de pouvoir devenir chercheur (chose qui me semble vraiment bien difficile) je n’hésiterais pas une seconde pour me lancer dans l’aventure. Il me reste encore quelques mois (jours ?) pour me décider.
Cette expérience aura vraiment été exceptionnelle mais aussi très bénéfique si jamais je dois continuer dans cette voie. J’ai appris plus en un mois qu’au travers de la trentaine de livres que j’ai lu sur le sujet avant de venir ici. L’échange avec la population, de Wihdat ou du reste de la ville, m’a permis de me faire mon propre avis sur le problème palestinien et de me rendre compte que beaucoup de généralités écrites dans les livres ne sont pas toujours vérifiables sur place. Je penses en particulier à une chose toute bête, mais un auteur avait affirmé que le marché du camp était principalement fréquenté le vendredi…Nous n’avons certainement pas étudié le même lieu au vu de ce que j’ai pu constater la semaine dernière et ce que m’ont dit les marchands eux-mêmes…
Pareil en ce qui concerne l’idée que se font les gens d’un camp de réfugié. Premièrement à Amman, il faut être un grand spécialiste pour réussir à en délimiter les frontières. Ensuite, sa population est de loin la plus amicale que j’ai rencontré dans le pays. Ces derniers jours, je n’arrivais plus à bosser tellement je voulais profiter du temps qu’il me restait pour discuter avec les vendeurs. Et les rares moments où je réussissais à me plonger dans mon étude plus d’une trentaine de minutes d’affilée, les gens m’apportaient des fruits, des légumes, du thé, sans que je ne demande quoi que ce soit. Pareil pour les repas que je partageais la plupart du temps avec eux. Pour la petite histoire, aujourd’hui, j’ai été“obligé“ de manger deux fois en deux heures pour ne pas vexer mes hôtes…
Donc, impossible de mettre en doute l’hospitalité et la gentillesse des palestiniens.
En tout cas, j’aurais eu l’occasion cette année et sans le savoir avant d’arriver, d’assister aux derniers moments de vie du souk. Le maire d’Amman a fait une visite à Wihdat la semaine dernière afin de constater le parfait état d’authenticité dans lequel il était (le camp). La municipalité cherche depuis quelques années à intégrer complètement cet espace au reste de la ville, que ce soit à travers des programmes de réhabilitation de l’habitat ou des infrastructures sanitaires et routières. Comme je le disais un peu plus tôt, il est devenu par moments très difficile de voir que l’on se trouve dans un camp de réfugiés.
Dès l’année prochaine, ce souk, qui est l’un des plus vieux du pays, devrait être rasé pour que l’on en reconstruise un nouveau avec un étage. Finies les vieilles étales construites en même temps que le camp en 1955, plus d’allées en terre et encore moins tout ces fils électriques qui partent dans tous les sens afin d’emmener la lumière au-dessus des stands des marchands.
Le dernier lieu du camp où vivait encore vraiment cet air de Palestine va disparaître pour laisser place à un bâtiment tout neuf, comme ils fleurissent par milliers dans cette Amman galopant vers le futur.
Ce sera aussi le moment de la retraite pour une partie des marchands dont certains approchent des 80 ans mais continuent de venir tous les matins vendre deux ou trois bottes d’oignons dans le seul but de partager un moment avec les gens qui ont fait leur quotidien depuis plus de 50ans. La mémoire de la Palestine continuera ainsi de s’éteindre un peu plus dans le pays, mais aussi dans le monde.
La Jordanie continuera quant à elle de remplir la part officieuse de son contrat passé en même temps que les accords de paix conclus avec Israël à Wadi Arabia en 94 (je ne suis ni sûr du nom, ni de la date), à savoir (jugement personnel) débarrasser l’Etat hébreux d’une grande partie des réfugiés palestiniens du Moyen-Orient en les intégrant au Royaume Hashémite.
C’est impressionnant de voir comme les jeunes générations n’ayant jamais vu la Palestine de leurs propres yeux sont attachées à cette terre par les seuls souvenirs de leurs parents. Il n’est pas rare de voir les yeux de grands gaillards, toujours souriants et déconneurs, se mettre à briller à l’évocation du droit au retour. Tout ça suivi d’un silence de plomb de quelques secondes avant que je relance à chaque fois la même question bête histoire de rompre le malaise “would you come back to Palestine if you could ?“. Toujours la même réponse brève et déterminée “YES !!!“. Même après avoir été au contact de cette population, j’ai du mal à comprendre comment elle peut être aussi attaché à un lieu qu’elle ne connaît même pas.
Pareil lorsqu’ils me demandent si je suis déjà allé à Hébron, Naplouse ou Bethléem, villes magnifiques d’après eux, mais qu’ils n’ont pu voir qu’en photos…Et oui, même si les réfugiés ont la nationalité jordanienne, il leur faut un visa pour visiter ce pays qui était le leur. Etant d’origine palestinienne et en plus habitant à Wihdat, seule une très petite minorité a réussi un jour à fouler le territoire israélien. Certains ont parfois toute une partie de leur famille vivant là-bas mais ils n’ont jamais pu les revoir depuis leur départ. Voilà comment Israël arrive à créer une haine envers les juifs chez une partie de cette population. Et même au niveau mondial, de plus en plus de personnes ont tendance à mélanger juifs et israéliens, comme si nazi était égal à allemand au temps du 3é Reich…Peut-être que la montée de l’antisémitisme est en partie créée par l’Etat d’Israël et la politique qu’il mène au Proche-Orient, en particulier à Gaza où 41 personnes sont encore mortes ce matin... En tout cas, tel est mon point de vue.
Ce séjour aura en tout cas renforcé mes opinions sur une partie des politiciens au pouvoir en Israël qui malheureusement ne résoudront jamais le problème sans accepter de vivre en paix avec les arabes. Cela peut paraître difficile à croire, mais beaucoup de réfugiés ne sont pas contre un même état où cohabiteraient juifs et Arabes. Le Coran lui-même affirme qu’il faut respecter les deux autres religions monothéistes. Les “bons“ musulmans acceptent donc les juifs. Seule une petite partie d’extrémistes comme les membres du Hamas ou du Hezbollah renvoie une image négative de leur religion et de leur peuple, ce qui nous ferait parfois croire que tous les Arabes n’attendent qu’un nouveau génocide. Mais encore une fois, est-ce que la force de ses partis ne vient pas du fait qu’Israël continu ses colonisations en Cisjordanie, construit un mur pour être à l’abris des Arabes (tous terroristes…), maintient les gazaouis dans une prison de quelques dizaines de Kms carrés où les conditions de vie sont en dessous du supportable, etc., etc., etc…
J’ai passé mon dernier jour à Wihdat en tant qu’apprenti chercheur aujourd’hui, c’est pourquoi je m’accorde la liberté de tirer un petit bilan politique de ce qu’il m’a été permis d’observer pendant ce mois partagé avec la population du camp. Et encore, je pourrais continuer sur l’Irak, car de nombreux irakiens sont venus s’installer ici depuis 2003 pour fuir les bombes américaines justifiées par quelques bidons de pétrole supplémentaires pour l'oncle Sam. Raappelons que Bush a eu la bonne idée de faire exécuter Saddam le jour de l’Aïd, histoire d’attiser encore un peu plus la haine de la population locale envers les Etats-Unis. A croire qu’ils collaborent aussi avec Israël pour trouver les meilleures idées afin d’ éviter toute forme de stabilité dans la région…
Bon, fini avec les choses graves, je rejoins Sami dans deux jours à Alep, le ton sera définitivement plus gai et les paysages plus attrayants que ceux du camp… A bientôt si j’ai le temps, pour NOS nouvelles aventures, quasiment un an jour pour jour après notre pacte passé devant le “supermarket“ de la gare routière à Gaziantep en attendant notre bus pour Urfa. Personnellement, je n’étais pas certain que nous arriverions à l’honorer, mais tout vient à point à qui sait attendre, qu’en penses tu Saaaami… ?
samedi 23 février 2008
vendredi 22 février 2008
Un vendredi bien tranquille...
Vendredi c'est prière en Jordanie. Après m'être réveillé et avoir vu le magnifique soleil qui brille dehors, je décide de prendre mon temps avant de partir au camp. J'ouvre la fenêtre pour profiter du chant des oiseaux, chose impossible à faire un autre jour de la semaine à cause du bruit de la ville et des klaxons des voitures. J'écoute le prêche de l'imam qui est retransmit le vendredi depuis le minaret. Ca a beau ne pas être très laïc et tolérant envers les autres religions, en bon occidental que je suis et même si je ne comprends rien à ce qu'il raconte, j'adore !!!
Je descends ensuite tranquillement jusqu'à la ville basse afin d' attraper un mini bus pour Wehdat.
Et là, je me rappel pourquoi j'aime tellement ce magnifique sport qu'est le foot... Des milliards d'Abramovic jusqu'aux réfugiés de Wihdat, il ne suffit que d'un seul petit bout de cuir tout rond pour faire vibrer la planète, des plus riches aux plus pauvres!!!
Les jeunes s'emparent des rues délaissées par les voitures en ce jour de repos du monde musulman pour s'adonner au plus beau des sports...! C'est l'occasion pour moi de faire quelques clichés footballistics comme je les aimes. Même si ce ne sont pas les meilleurs que j'ai pu faire, j'aime toujours garder des souvenirs de footballers des endroits où je suis passé.
La bonne humeur règne décidément aujourd'hui dans Amman. Une fois arrivé au camp, je constate que c'est toute la ville qui est au ralenti aujourd'hui. Le souk est complètement vide. J'en profite pour prendre quelques photos pour mon mémoire, ce que je n'ai pas commencé à faire jusqu'à présent car les habitants du camp n'aiment pas vraiment se faire photographier.
C'est aussi l'occasion de faire des croquis du souk, chose difficile les autres jours vu l'agitation ambiante. Aujourd'hui non plus je n'y arriverai pas. Des gamins sortent de nul part et commencent à être intrigués par mes dessins. Rapidement, ils se sentent à l'aise avec moi et commencent à taper sur les étales en fer repliées. Ils n'ont que 10 piges, mais ils arrivent à sortir des rythmes de je ne sais où assez impressionnants! L'un d'eux saute sur une étale et commence à danser. Il me prend par les mains et m'invite à faire comme lui. Je n'ai pas le rythme qu'il peut avoir, mais je n'arrive pas à refuser très longtemps. Je dois vraiment avoir l'air très con à côté de lui mais je suis un peu obligé de l'imiter car il n'a pas décidé de me lâcher. J'ai beau leur dire que je dois bosser, ils continuent de chanter et danser, je capte au bout d'un moment qu'ils parlent de moi. "ivhjiznvirunvrin Daoud, uhbecubeucb Daoud,ecfgvbzygcvbygr Daoud..." ils sont morts de rire... Plutôt marrant mais je crois que ce n'est pas aujourd'hui que j'arriverai à bosser. Alors que des plus vieux viennent leur dire de me laisser travailler, j'entends quelqu'un qui m'appel pour m'inviter à boire un café. Encore impossible de refuser. Je repars à 17h avec trois pauvres traits sur mon cahier...
Et oui David, musulman ou non, tu apprendras que le vendredi, on ne travail pas en Jordanie!
Je descends ensuite tranquillement jusqu'à la ville basse afin d' attraper un mini bus pour Wehdat.
Et là, je me rappel pourquoi j'aime tellement ce magnifique sport qu'est le foot... Des milliards d'Abramovic jusqu'aux réfugiés de Wihdat, il ne suffit que d'un seul petit bout de cuir tout rond pour faire vibrer la planète, des plus riches aux plus pauvres!!!
Les jeunes s'emparent des rues délaissées par les voitures en ce jour de repos du monde musulman pour s'adonner au plus beau des sports...! C'est l'occasion pour moi de faire quelques clichés footballistics comme je les aimes. Même si ce ne sont pas les meilleurs que j'ai pu faire, j'aime toujours garder des souvenirs de footballers des endroits où je suis passé.
La bonne humeur règne décidément aujourd'hui dans Amman. Une fois arrivé au camp, je constate que c'est toute la ville qui est au ralenti aujourd'hui. Le souk est complètement vide. J'en profite pour prendre quelques photos pour mon mémoire, ce que je n'ai pas commencé à faire jusqu'à présent car les habitants du camp n'aiment pas vraiment se faire photographier.
C'est aussi l'occasion de faire des croquis du souk, chose difficile les autres jours vu l'agitation ambiante. Aujourd'hui non plus je n'y arriverai pas. Des gamins sortent de nul part et commencent à être intrigués par mes dessins. Rapidement, ils se sentent à l'aise avec moi et commencent à taper sur les étales en fer repliées. Ils n'ont que 10 piges, mais ils arrivent à sortir des rythmes de je ne sais où assez impressionnants! L'un d'eux saute sur une étale et commence à danser. Il me prend par les mains et m'invite à faire comme lui. Je n'ai pas le rythme qu'il peut avoir, mais je n'arrive pas à refuser très longtemps. Je dois vraiment avoir l'air très con à côté de lui mais je suis un peu obligé de l'imiter car il n'a pas décidé de me lâcher. J'ai beau leur dire que je dois bosser, ils continuent de chanter et danser, je capte au bout d'un moment qu'ils parlent de moi. "ivhjiznvirunvrin Daoud, uhbecubeucb Daoud,ecfgvbzygcvbygr Daoud..." ils sont morts de rire... Plutôt marrant mais je crois que ce n'est pas aujourd'hui que j'arriverai à bosser. Alors que des plus vieux viennent leur dire de me laisser travailler, j'entends quelqu'un qui m'appel pour m'inviter à boire un café. Encore impossible de refuser. Je repars à 17h avec trois pauvres traits sur mon cahier...
Et oui David, musulman ou non, tu apprendras que le vendredi, on ne travail pas en Jordanie!

Sur les traces du petit Jésus...
Jeudi 21 février:
Après un premier contact avec les paysages des écrits bibliques lors de mon premier week-end à Amman en visitant Madaba et le Mont Nébo, je décide de retourner sur les lieux, mais en poussant cette fois-ci jusqu'à la Mer Morte.
Nous partons donc avec Rizlaine, qui m'accompagnera désormais dans la plupart de mes vadrouilles dans la région, vers 10 heures. Une heure après, nous arrivons au Mont Nébo. J'ai de la chance cette fois-ci, la vue est bien plus dégagée que la dernière fois, et même si encore une fois, je n'arriverai pas à voir le Mont des Oliviers, on distingue bien la Mer Morte, le lac de Tibériade et la Cisjordanie, surtout la ville de Jéricho.
Nous passons une heure à contempler ces magnifiques paysages qui s'offrent à nous avant de repartir et d'attaquer la route qui descend jusqu'à la Mer Morte située à moins 400mètres au dessous du niveau de la mer. Les paysages sont vraiment impressionnants, la roche prend des couleurs différentes en fonction de la profondeur à laquelle on se trouve et plus on serpente sur la petite route plus la température monte. Le chauffeur m'avait prévenu, ma veste ne me servira à rien arrivé en bas. Effectivement l'atmosphère est très différente une fois sur place.
Nous nous rendons directement sur le site du Baptême. L'entrée est un peu chère pour le pays, je ne l'aurais peut-être pas fait tout seul mais Rizlaine à l'air d'y tenir donc je la suis. Et je ne le regretterai pas.
Les lieux sont situés dans une zone militarisée, chose assez dommage pour un lieu comme celui-ci. Rappelons qu'à l'origine, les trois religions monothéistes sont les mêmes, toutes issues du Judaïsme. Après s'être divisées au cours de l'histoire, les voilà maintenant rendues à s'affronter. C'est bien triste et ça me rappel pourquoi la religion me laissent en général si sceptique...
Nous ne sommes que trois à suivre la visite avec notre guide, l'endroit est calme et nous avançons dans une petite forêt baignée par le soleil qui commence d'ailleurs à sacrément taper comparé au tout petit degré d' il y a seulement deux jours à Amman.
Voilà le Jourdain bien asséché depuis 2008 ans où Jésus s'est fait baptiser dedans. D'ailleurs le site exact du baptême est aujourd'hui asséché. C'était une petite branche du Jourdain, mais maintenant, la rivière ne fournit plus assez d'eau pour l'alimenter.
De l'autre côté de la rivière, sous les yeux des militaires, la Cisjordanie. C'est une fois encore l'occasion de “sourire“ sur l'autorité palestinienne de Mahmoud Abbas qui est censée avoir le contrôle sur le territoire gardé par des militaires israéliens...Encore une jolie blague de l'occident faite aux palestiniens pour essayer de calmer leur visée sur une création de moins en moins imaginable d'un Etat palestinien souverain.
Après le site du baptême, j'en profite pour aller voir les fermes de la région qui fournissent le grand marché central d'Amman où les marchands du souk achètent leurs produits, histoire d'allier l'utile à l'agréable. J'aurais comme ça quelques photos à rajouter afin de remplir la centaine de pages de mon mémoire.
La Mer Morte, sacré expérience! Même si je ne me baignerai pas, rien que d'avoir plongé les mains dans cette eau si chargée en sel, ou encore d'y avoir trempé les pieds restera un souvenir assez inoubliable. Le liquide rencontre le solide. On dirait que l'eau est pleine d'huile tellement elle est épaisse et reste accrochée à la peau. Elle a vraiment un aspect gras. Dix minutes après être sorti de l'eau, on a toujours l'impression d'avoir les mains mouillées, alors qu'en les passants sur son jean, on voit bien qu'elles sont sèches. La vase réputée pour ses propriétés thérapeutiques forme des espèces de rochers dans lesquels les pieds s'enfoncent comme dans une énorme plaquette de beurre. On dirait d'ailleurs vraiment des rochers, ce qui rend la surprise encore plus grande lorsqu'on s'attend à avoir mal aux pieds à marcher la dessus, et qu'en réalité, on s'enfonce dedans...
Nous finissons la journée à fumer un narguilé en buvant un thé avec Himed (notre chauffeur devenu plus un ami à la fin de la journée) en admirant un magnifique coucher de soleil sur les montagnes, israéliennes (ou peut être Cisjordanienne, à moins qu'elles ne soient palestiniennes, on ne sait plus trop comment les qualifier en fait) qui viennent se jeter dans la mer sur la rive ouest.
Paradisiaque...! Est-ce que le petit Jésus aurait quelque chose à voir avec tout ça???!!!
Après un premier contact avec les paysages des écrits bibliques lors de mon premier week-end à Amman en visitant Madaba et le Mont Nébo, je décide de retourner sur les lieux, mais en poussant cette fois-ci jusqu'à la Mer Morte.
Nous partons donc avec Rizlaine, qui m'accompagnera désormais dans la plupart de mes vadrouilles dans la région, vers 10 heures. Une heure après, nous arrivons au Mont Nébo. J'ai de la chance cette fois-ci, la vue est bien plus dégagée que la dernière fois, et même si encore une fois, je n'arriverai pas à voir le Mont des Oliviers, on distingue bien la Mer Morte, le lac de Tibériade et la Cisjordanie, surtout la ville de Jéricho.
Nous passons une heure à contempler ces magnifiques paysages qui s'offrent à nous avant de repartir et d'attaquer la route qui descend jusqu'à la Mer Morte située à moins 400mètres au dessous du niveau de la mer. Les paysages sont vraiment impressionnants, la roche prend des couleurs différentes en fonction de la profondeur à laquelle on se trouve et plus on serpente sur la petite route plus la température monte. Le chauffeur m'avait prévenu, ma veste ne me servira à rien arrivé en bas. Effectivement l'atmosphère est très différente une fois sur place.
Nous nous rendons directement sur le site du Baptême. L'entrée est un peu chère pour le pays, je ne l'aurais peut-être pas fait tout seul mais Rizlaine à l'air d'y tenir donc je la suis. Et je ne le regretterai pas.
Les lieux sont situés dans une zone militarisée, chose assez dommage pour un lieu comme celui-ci. Rappelons qu'à l'origine, les trois religions monothéistes sont les mêmes, toutes issues du Judaïsme. Après s'être divisées au cours de l'histoire, les voilà maintenant rendues à s'affronter. C'est bien triste et ça me rappel pourquoi la religion me laissent en général si sceptique...
Nous ne sommes que trois à suivre la visite avec notre guide, l'endroit est calme et nous avançons dans une petite forêt baignée par le soleil qui commence d'ailleurs à sacrément taper comparé au tout petit degré d' il y a seulement deux jours à Amman.
Voilà le Jourdain bien asséché depuis 2008 ans où Jésus s'est fait baptiser dedans. D'ailleurs le site exact du baptême est aujourd'hui asséché. C'était une petite branche du Jourdain, mais maintenant, la rivière ne fournit plus assez d'eau pour l'alimenter.
De l'autre côté de la rivière, sous les yeux des militaires, la Cisjordanie. C'est une fois encore l'occasion de “sourire“ sur l'autorité palestinienne de Mahmoud Abbas qui est censée avoir le contrôle sur le territoire gardé par des militaires israéliens...Encore une jolie blague de l'occident faite aux palestiniens pour essayer de calmer leur visée sur une création de moins en moins imaginable d'un Etat palestinien souverain.
Après le site du baptême, j'en profite pour aller voir les fermes de la région qui fournissent le grand marché central d'Amman où les marchands du souk achètent leurs produits, histoire d'allier l'utile à l'agréable. J'aurais comme ça quelques photos à rajouter afin de remplir la centaine de pages de mon mémoire.
La Mer Morte, sacré expérience! Même si je ne me baignerai pas, rien que d'avoir plongé les mains dans cette eau si chargée en sel, ou encore d'y avoir trempé les pieds restera un souvenir assez inoubliable. Le liquide rencontre le solide. On dirait que l'eau est pleine d'huile tellement elle est épaisse et reste accrochée à la peau. Elle a vraiment un aspect gras. Dix minutes après être sorti de l'eau, on a toujours l'impression d'avoir les mains mouillées, alors qu'en les passants sur son jean, on voit bien qu'elles sont sèches. La vase réputée pour ses propriétés thérapeutiques forme des espèces de rochers dans lesquels les pieds s'enfoncent comme dans une énorme plaquette de beurre. On dirait d'ailleurs vraiment des rochers, ce qui rend la surprise encore plus grande lorsqu'on s'attend à avoir mal aux pieds à marcher la dessus, et qu'en réalité, on s'enfonce dedans...
Nous finissons la journée à fumer un narguilé en buvant un thé avec Himed (notre chauffeur devenu plus un ami à la fin de la journée) en admirant un magnifique coucher de soleil sur les montagnes, israéliennes (ou peut être Cisjordanienne, à moins qu'elles ne soient palestiniennes, on ne sait plus trop comment les qualifier en fait) qui viennent se jeter dans la mer sur la rive ouest.
Paradisiaque...! Est-ce que le petit Jésus aurait quelque chose à voir avec tout ça???!!!
jeudi 21 février 2008
Ahlan wa sahlan !
Mercredi 20 février:
Je vais encore vous parler des gens d’ici, mais en même temps, si j’aime tellement cette ville, c’est essentiellement grâce à sa population, donc elle mérite bien sa petite part de reconnaissance. En effet, la capitale jordanienne reste tout de même relativement moche même si le dernier titre du bouquin de Myriam essaye de faire croire l’inverse. De pierre et de paix. La ville est effectivement faite de pierre (pas vraiment très jolies). Elle aurait pu l’appeler de béton et de paix, personne ne l’aurait contredite, mais le titre aurait certainement été moins vendeur…Pour ce qui est de paix, il suffit de passer quelques minutes avec les locaux pour s’en rendre compte.
Je rectifie toutefois les méchancetés que j’ai pu me permettre sur le physique de la ville, Le quartier de la citadelle est plutôt agréable. Il permet d’observer toute l’agitation de la ville avec les bruits en moins et dans un environnement vierge de toute construction. Ajoutez à cela un joli couché de soleil et je défis quiconque de ne pas tomber sous le charme.
Revenons en à nos moutons, ou plutôt à nos Ammanîs…Il ne se passe pas un jour sans qu’une preuve d’humanité ne me soit donnée. De rencontres en rencontres, les gens me prouvent que ce qui d’après moi a permis à l’Homme d’évoluer jusqu’à ce qui l’a été jusqu’il y a encore peu de temps, à savoir un être civilisé, pouvant communiquer avec les autres membres de son espèce, n’a peut être pas tout à fait disparu de la planète terre. C’est vrai, croyez vous vraiment que les hommes préhistoriques auraient réussi à se démerder tout seuls pour chasser, inventer le feu ou un langage…?! Ben non !
Je ne pense franchement pas que ce soit la bourse ou encore des machines qui nous fassent avancer vers un avenir meilleur, mais bien les relations humaines !!!
J’arrête, ça commence vraiment à faire utopiste et je connais un mec rue Didot qui ne va pas me louper en rentrant sur Paris.
Je pourrais vous parler de tellement de personnes, tellement d’exemples me viennent en tête. Je vais en fait commencer par la SEULE histoire un peu bizarre qui m’est arrivée depuis mon arrivée. Et peut être qu’en fin de compte, ce n’était encore qu’une belle preuve de sympathie seulement mal interprétée. Quoique je n’en sois tout de même pas certain… C’était il y a deux jours, j’étais assis à l’une des longues tables qu’abrite l’une de mes deux cantines favorites, le Al-Quds (Jerusalem) restaurant. Là, un homme d’une petite trentaine d’années me demande s’il peut s’asseoir en face de moi. J’accepte volontiers me disant que ce pouvait être l’occasion de me faire un ami supplémentaire. Problème, ce dernier parle aussi bien l’anglais que je parle l’arabe. La discussion tourne court, soit cinq mots dans chaque langue. Arrive la fin du repas et ce dernier insiste pour m’inviter. Ce n’est pas la première fois qu’un jordanien m’invite à manger, mais normalement, nous parlons au cours du repas. Même si ça me gêne toujours, je sais qu’il ne faut pas refuser trop longtemps au risque de les vexer. Mais cette fois-ci, pas question, je refuse une bonne dizaine de fois surtout que pendant tout le repas, il me regardait d’un air un peu bizarre. Comme prévu, il se vexe vraiment ! « Bon ben écoute mon gars, si tu le prends comme ça paye la ma note, mais t’es quand même bien couillon ! » Nous sortons du resto, mais lui n’a pas décidé d’en rester là, il me propose de venir chez lui. Là encore, ça n’aurait pas été la première fois que j’acceptais de partager un moment de vie d’une famille jordanienne, mais il ne m’inspire qu’à moitié. Youssef ! Lui va pouvoir me débarrasser de ce boulet et en plus son magasin est à deux pas. Direction le magasin de téléphone de la première personne que j’ai rencontré dans ce pays. Il me voit arriver, toujours content de me voir, mais il remarque vite ce type un peu bizarre. Il lui invente une excuse pour lui dire que je ne pouvais pas le suivre. Il fait mine de s’en aller mais reste devant le magasin. Il rerentre me demander mon numéro de téléphone. Première tentative avec un faux numéro, mais il essaye de m’appeler et calcul vite la supercherie…Je lui donne donc le vrai. Il m’a rappelé hier, j’ai esquivé et pas de nouvelles depuis. Raconté comme ça, il ne fait aucun doute qu’il ne me voulait pas que du bien, mais je n’en suis pas vraiment sûr. Tiens, bon exemple pour montrer le pouvoir des journalistes qui peuvent vraiment nous faire entendre une information telle qu’ils en ont envie…
Donc une seule petite “mésaventure“ en trois semaines dans un pays du Moyen Orient, vu en occident comme un endroit si dangereux, ce n’est pas si mal. Si l’on commence à parler de tous les gens qui ont été là pour m’aider, me parler, etc., la liste va être interminable. Je vais donc me contenter de ne parler que de ceux avec qui j’ai un contact régulier. La plupart, je ne les ai vu que trois ou quatre fois au total, mais il leur arrive tout de même de m’appeler pour voir si tout va bien, si j’ai besoin de quelque chose, simplement prendre des nouvelles. Youssef le vendeur de téléphone est la première personne à qui j’ai parlé en Jordanie. C’est à lui que j’ai acheté ma puce de téléphone portable. Il m’a tout de suite dit « here it’s your shop my friend, if you need something, anything, not just for your phone, you come here ! ». C’est ce que j’ai décidé de faire et j’ai remarqué que ce n’était pas des paroles en l’air. La dernière en date était avec le type bizarre. Ce soir, je suis passé au magasin où son nouveau collègue nous a inviter à manger chez lui la semaine prochaine. Ensuite, Youssef m’a emmener manger les meilleurs chicken burgers d’Amman et des kunafa (dessert au fromage recouvert de vermicelle et de sirop) dans l’un des plus vieux lieu spécialisé dans la chose à Amman. Encore une fois, impossible de payer, ce qui commence à pas mal m’énerver à force. On a passé notre soirée à discuter en marchant dans la ville basse. De la Palestine, des nombreux boulots qu’il a eu depuis l’âge de ses 10 ans, de ses 12heures de travail quotidiens et ce 7 jours sur 7, de sa vie ici qu’il ne supporte plus, des visas impossible à obtenir en Europe pour quelqu’un comme lui. Et moi à côté qui lui parle de mon sujet d’étude sur les mobilités des marchands du souk de Wihdat, avec mon voyage financé par l’IFPO et papa maman…Mais tout cela l’intéresse et à aucun moment il n’essaye d’obtenir quoi que ce soit de moi ! C’est fou ce qu’on peut se sentir con par moment.
On se quitte vers 22h30 car il commence à 08h30 demain et il est déjà complètement crevé. “Mais toi aussi tu travailles demain David, t’as encore beaucoup de choses à faire pour tes recherches“. Oui c’est vrai Youssef, mais à l’heure qu’il est, j’ai assez honte de ne pas en avoir un peu plus…
Parlons de travail. Je passe de plus en plus de temps dans le camp en ce moment. Cela s’appel de l’observation participative et ça fait parti du dur métier de chercheur. Passer un maximum de temps dans le milieu étudié et essayer d’être le plus possible en contact avec sa population. Ca ne me déplaît pas du tout, au contraire, je trouve ça plutôt pas mal et très intéressant. Ca permet de faire de super rencontres et de passer de bons moments.
Donc à force de traîner dans le souk, espace d’environ 100 m. carrés, les gens commencent à reconnaître Daoud…Plus de problème avec mon prénom, ils ont compris que je n’étais pas juif et encore moins un espion pour Israël. Et si par hasard quelqu’un me pose la question, Youssef et Ali mes deux meilleurs amis dans le camp (on appel ça des personnes ressources en chercheur, mais j’aime pas trop les voir comme des personnes dont je pourrais me servir) s’empressent de répondre à ma place et de remettre les choses bien en place. Ils me présentent à tous leurs amis dans le camp ce qui fait que je passe maintenant un bon moment tous les jours en arrivant à aller passer le Salam aux différents marchands. Aujourd’hui par exemple, je ai passé une bonne partie de l’après-midi dans la petite boucherie de 4m. carrés des deux frères Youssef et Ali. On ne se comprend que très difficilement, mais on y arrive. Et puis entre tous les gens qui passent par là, il y en a toujours un ou deux pour blablater un peu plus anglais à chaque fois. Les réfugiés sont très solidaires entre eux. Leurs liens d’amitiés sont puissants et sincères. Ils ont traversé les mêmes galères et partagent une mémoire commune. Ils ont grandis dans le souk à aider leurs pères et maintenant, ce sont leurs enfants qui les aident.
Ils apprécient les choses simples. En trois heures et demie cet après-midi, on a discuté, rigolé, appris à écrire arabe, bu du thé, du café, parfois entassés à 7 dans la boucherie autour du micro chauffage portatif, mais tout le monde était heureux et a passé un bon moment. Mes deux amis psychologues pourront peut-être me faire un commentaire sur la phrase qui suit, mais selon moi elle est assez significative de l’état d’esprit des gens du camp.
Nous étions 5 en tout, voilà ce qu’ils m’ont appris à écrire. Malik, Youssef, Ali, Salim, Daoud (c’est moi en arabe) et ahlan wa sahlan (bienvenue)…
Est-ce qu’on aurait appris à écrit ça à un étranger venu passer un mois en France ? Je n’en suis pas vraiment, sûr, en tout cas, je me suis posé la question et ça n’aurait pas fait partie des premiers mots auquel j’aurais pu penser.
Ils n’ont de cesse de me mettre en garde contre ce qui pourrait m’arriver ici. Laisse pas traîner ton sac, ne te promène pas seul en dehors de la zone commerciale du camp, si tu as besoin d’y aller on t’accompagne, garde toujours ton passeport contre toi, ne laisse pas apparaître tes billets devant des inconnus, etc… C’est sympa, mais en même temps, j’ai du mal à croire qu’il pourrait m’arriver quelque chose ici car tout le monde est aussi bien veillant qu’eux.
Je sortais du restaurant ce midi dans le camp et un jeune commence à me parler en arabe. Un peu fou-fou du haut de ses 18ans, je ne comprends rien à ce qu’il me raconte. Il m’emmène voir un vendeur ambulant qui parle anglais. Nous discutons un peu tous les trois et je lui demande au bout d’un moment où est ce que je peux trouver un coupe ongle… Oui oui, il est bien pour moi le coupe ongle, vous ne rêvez pas, je n’ai pas croqué un seul petit bout de mes doigts depuis mon arrivée ! Tout de suite le vendeur me dit “half dinar, no more“, le jeune m’attrape le bras et nous voilà parti bras dessus bras dessous vers un magasin. Il me fait choisir un couple ongle, le récupère, le paye, encore une fois je n’ai pas le choix, et repars en me faisant comprendre que si j’avais besoin de quoi que ce soit d’autre il était toujours devant le resto…
J’ai aussi fais une rencontre assez impressionnante cet après-midi. Le réparateur de frigo des bouchers du camp. Youssef me propose de le suivre je ne sais où. J’accepte, c’est de l’observation participative…Nous voilà parti dans les ruelles du camp, celles dont l’aspect n’a pas vraiment changé depuis sa création. C’est ici où la misère se ressent le plus à vrai dire. Il s’arrête et frappe à une porte. Quelqu’un vient nous ouvrir et nous entrons dans une grande salle, c’est à dire que le propriétaire a dû racheter au moins 3unités d’habitation rien que pour cette pièce. Elle ressemble à une salle de prière. Le muezzin vient de faire son appel, je me demande donc s’il m’emmène prier. J’avoue que je suis un peu perplexe à ce moment là.
On nous ouvre la porte d’un “petit“ salon, soit une autre unité et un homme arrive quelques secondes après. Il est assez impressionnant. Il s’installe dans un fauteuil et se présente dans un parfait anglais. ‘I was an ingenior in refrigeration in Totenham for 8 years“. Il m’offre le café de bienvenu tout ça de manière très protocolaire. Je sens que j’ai à faire à quelqu’un de respecté dans le camp. Mon interlocuteur est hyper agréable avec moi et me fait aussi pas mal rire. Youssef et lui règlent leurs affaires de frigo et l’ancien ingénieur commence à me parler, à me demander ce que je fais à Wihdat, combien de temps je reste ici, etc… Nous voici venu à parler de religion et de politique, les deux sujet défendus durant mon séjour, mais je n’ai pas vraiment le choix, j’écoute sans prendre position. Voilà qu’il commence à me sortir des phrases du style “we left Palestine because of the Jewish, you know, they stole our lands“ ; “there’s too many Jewish in France no ?“ Ca sent l’anti juif à plein nez et je n’aime pas vraiment ça. Il en vient à m’avouer qu’avant son départ pour l’Angleterre “I was a soldier…“. Heu ….? J’ai bien compris ? “I fought with the PLO of Yasser Arafat in Black September and then we left for Lebanon“.
Septembre noir ou la guerre des camps qui opposa l’armée jordanienne aux forces de Yasser Arafat en 1970 il me semble. On peut comparer cela à la guerre des camps du printemps dernier dans les camps du nord du Liban, mais avec l'OLP a la place du Hezbollah. Je comprends un peu mieux d’où viennent ses réticences envers les juifs, même si cela n’excuse rien.
Il m’invite à repasser dans quelques jours boire un café et discuter un peu. Je sens encore une fois que l’invitation est sincère et sans danger. Il est à la retraite et mène maintenant une vie tranquille loin des combats armés entre israéliens et arabes. J’y retournerai certainement avant mon départ.
Il y a aussi Bassam et son frère qui m’ont invité à manger un maqlubehee, le plat traditionnel de Palestine, après seulement 10 petites minutes de causerie dans une allée du souk. Même si encore une fois il était très difficile de communiquer, nous avons passé trois bonnes heures autour de la table du “salon-chambre des 4 enfants“, à beaucoup parler des droits de l’Homme. Ce furent d’ailleurs eux les premiers à m’alarmer sur la vision que les étrangers ont de notre nouvelle France. Nous avons aussi passé beaucoup de temps à parler d’éducation. Ce sont des gens qui n’ont pas fait d’études, mais ils accordent une immense importance à celles de leurs enfants. Ils remercient d’ailleurs beaucoup l’UNRWA de fournir un enseignement de qualité à leur progéniture. L’un des 5 enfants (dont un bébé de 4 mois) de Bassam veut devenir docteur et un autre ingénieur. Ils ont déjà beaucoup d’ambition, c’est bien. L’un des deux est premier de sa classe et fait la fierté de la famille. Son père n’était pas peu fier de me montrer ses bulletins de notes. Il m’a d’ailleurs confié que la seule chose qui contait pour lui était que ses enfants réussissent pour avoir un vrai métier et ne pas finir maçon comme leur père…
On dirait que l’accueil des étrangers est une chose qui s’inculque dès le plus jeune âge dans ce pays. Le plus vieux de ses fils m’a offert quelques billes. Encore une fois je refuse, mais là, en plus du petit, ce sont les deux frères qui m’obligent à accepter !
Bon, dernier exemple. Je ne peux pas ne pas évoquer Sami, le chauffeur de taxi, mais celui là, je crois que vous le connaissez déjà. Je dois le voir ce week-end car il a des problèmes en ce moment ce qui fait que nous ne nous ne sommes pas vu cette semaine.
En parlant de chauffeur de taxi, j’en ai rencontré un nouveau cet aprèm’, il nous a emmené à la mer Morte et nous avons pas mal discuté encore une fois. Il s’est d’ailleurs fait récemment recaler une demande de visa par notre nouveau et très beau ministère de l’immigration et de l’identité nationale…En tout cas, il ne nous en a pas tenu rigueur. Il doit même me faire visiter le grand marché central d’Amman mardi prochain. En fait, c’est de là-bas que provient la marchandise vendue dans le souk du camp, voilà d’où vient mon intérêt pour le Rungis jordanien.
Désolé pour cet article qui me paraît être un peu désordonné, mais c’est aussi comme ça que ça se passe ici, un joyeux bordel dans un monde de doux !
Je vais encore vous parler des gens d’ici, mais en même temps, si j’aime tellement cette ville, c’est essentiellement grâce à sa population, donc elle mérite bien sa petite part de reconnaissance. En effet, la capitale jordanienne reste tout de même relativement moche même si le dernier titre du bouquin de Myriam essaye de faire croire l’inverse. De pierre et de paix. La ville est effectivement faite de pierre (pas vraiment très jolies). Elle aurait pu l’appeler de béton et de paix, personne ne l’aurait contredite, mais le titre aurait certainement été moins vendeur…Pour ce qui est de paix, il suffit de passer quelques minutes avec les locaux pour s’en rendre compte.
Je rectifie toutefois les méchancetés que j’ai pu me permettre sur le physique de la ville, Le quartier de la citadelle est plutôt agréable. Il permet d’observer toute l’agitation de la ville avec les bruits en moins et dans un environnement vierge de toute construction. Ajoutez à cela un joli couché de soleil et je défis quiconque de ne pas tomber sous le charme.
Revenons en à nos moutons, ou plutôt à nos Ammanîs…Il ne se passe pas un jour sans qu’une preuve d’humanité ne me soit donnée. De rencontres en rencontres, les gens me prouvent que ce qui d’après moi a permis à l’Homme d’évoluer jusqu’à ce qui l’a été jusqu’il y a encore peu de temps, à savoir un être civilisé, pouvant communiquer avec les autres membres de son espèce, n’a peut être pas tout à fait disparu de la planète terre. C’est vrai, croyez vous vraiment que les hommes préhistoriques auraient réussi à se démerder tout seuls pour chasser, inventer le feu ou un langage…?! Ben non !
Je ne pense franchement pas que ce soit la bourse ou encore des machines qui nous fassent avancer vers un avenir meilleur, mais bien les relations humaines !!!
J’arrête, ça commence vraiment à faire utopiste et je connais un mec rue Didot qui ne va pas me louper en rentrant sur Paris.
Je pourrais vous parler de tellement de personnes, tellement d’exemples me viennent en tête. Je vais en fait commencer par la SEULE histoire un peu bizarre qui m’est arrivée depuis mon arrivée. Et peut être qu’en fin de compte, ce n’était encore qu’une belle preuve de sympathie seulement mal interprétée. Quoique je n’en sois tout de même pas certain… C’était il y a deux jours, j’étais assis à l’une des longues tables qu’abrite l’une de mes deux cantines favorites, le Al-Quds (Jerusalem) restaurant. Là, un homme d’une petite trentaine d’années me demande s’il peut s’asseoir en face de moi. J’accepte volontiers me disant que ce pouvait être l’occasion de me faire un ami supplémentaire. Problème, ce dernier parle aussi bien l’anglais que je parle l’arabe. La discussion tourne court, soit cinq mots dans chaque langue. Arrive la fin du repas et ce dernier insiste pour m’inviter. Ce n’est pas la première fois qu’un jordanien m’invite à manger, mais normalement, nous parlons au cours du repas. Même si ça me gêne toujours, je sais qu’il ne faut pas refuser trop longtemps au risque de les vexer. Mais cette fois-ci, pas question, je refuse une bonne dizaine de fois surtout que pendant tout le repas, il me regardait d’un air un peu bizarre. Comme prévu, il se vexe vraiment ! « Bon ben écoute mon gars, si tu le prends comme ça paye la ma note, mais t’es quand même bien couillon ! » Nous sortons du resto, mais lui n’a pas décidé d’en rester là, il me propose de venir chez lui. Là encore, ça n’aurait pas été la première fois que j’acceptais de partager un moment de vie d’une famille jordanienne, mais il ne m’inspire qu’à moitié. Youssef ! Lui va pouvoir me débarrasser de ce boulet et en plus son magasin est à deux pas. Direction le magasin de téléphone de la première personne que j’ai rencontré dans ce pays. Il me voit arriver, toujours content de me voir, mais il remarque vite ce type un peu bizarre. Il lui invente une excuse pour lui dire que je ne pouvais pas le suivre. Il fait mine de s’en aller mais reste devant le magasin. Il rerentre me demander mon numéro de téléphone. Première tentative avec un faux numéro, mais il essaye de m’appeler et calcul vite la supercherie…Je lui donne donc le vrai. Il m’a rappelé hier, j’ai esquivé et pas de nouvelles depuis. Raconté comme ça, il ne fait aucun doute qu’il ne me voulait pas que du bien, mais je n’en suis pas vraiment sûr. Tiens, bon exemple pour montrer le pouvoir des journalistes qui peuvent vraiment nous faire entendre une information telle qu’ils en ont envie…
Donc une seule petite “mésaventure“ en trois semaines dans un pays du Moyen Orient, vu en occident comme un endroit si dangereux, ce n’est pas si mal. Si l’on commence à parler de tous les gens qui ont été là pour m’aider, me parler, etc., la liste va être interminable. Je vais donc me contenter de ne parler que de ceux avec qui j’ai un contact régulier. La plupart, je ne les ai vu que trois ou quatre fois au total, mais il leur arrive tout de même de m’appeler pour voir si tout va bien, si j’ai besoin de quelque chose, simplement prendre des nouvelles. Youssef le vendeur de téléphone est la première personne à qui j’ai parlé en Jordanie. C’est à lui que j’ai acheté ma puce de téléphone portable. Il m’a tout de suite dit « here it’s your shop my friend, if you need something, anything, not just for your phone, you come here ! ». C’est ce que j’ai décidé de faire et j’ai remarqué que ce n’était pas des paroles en l’air. La dernière en date était avec le type bizarre. Ce soir, je suis passé au magasin où son nouveau collègue nous a inviter à manger chez lui la semaine prochaine. Ensuite, Youssef m’a emmener manger les meilleurs chicken burgers d’Amman et des kunafa (dessert au fromage recouvert de vermicelle et de sirop) dans l’un des plus vieux lieu spécialisé dans la chose à Amman. Encore une fois, impossible de payer, ce qui commence à pas mal m’énerver à force. On a passé notre soirée à discuter en marchant dans la ville basse. De la Palestine, des nombreux boulots qu’il a eu depuis l’âge de ses 10 ans, de ses 12heures de travail quotidiens et ce 7 jours sur 7, de sa vie ici qu’il ne supporte plus, des visas impossible à obtenir en Europe pour quelqu’un comme lui. Et moi à côté qui lui parle de mon sujet d’étude sur les mobilités des marchands du souk de Wihdat, avec mon voyage financé par l’IFPO et papa maman…Mais tout cela l’intéresse et à aucun moment il n’essaye d’obtenir quoi que ce soit de moi ! C’est fou ce qu’on peut se sentir con par moment.
On se quitte vers 22h30 car il commence à 08h30 demain et il est déjà complètement crevé. “Mais toi aussi tu travailles demain David, t’as encore beaucoup de choses à faire pour tes recherches“. Oui c’est vrai Youssef, mais à l’heure qu’il est, j’ai assez honte de ne pas en avoir un peu plus…
Parlons de travail. Je passe de plus en plus de temps dans le camp en ce moment. Cela s’appel de l’observation participative et ça fait parti du dur métier de chercheur. Passer un maximum de temps dans le milieu étudié et essayer d’être le plus possible en contact avec sa population. Ca ne me déplaît pas du tout, au contraire, je trouve ça plutôt pas mal et très intéressant. Ca permet de faire de super rencontres et de passer de bons moments.
Donc à force de traîner dans le souk, espace d’environ 100 m. carrés, les gens commencent à reconnaître Daoud…Plus de problème avec mon prénom, ils ont compris que je n’étais pas juif et encore moins un espion pour Israël. Et si par hasard quelqu’un me pose la question, Youssef et Ali mes deux meilleurs amis dans le camp (on appel ça des personnes ressources en chercheur, mais j’aime pas trop les voir comme des personnes dont je pourrais me servir) s’empressent de répondre à ma place et de remettre les choses bien en place. Ils me présentent à tous leurs amis dans le camp ce qui fait que je passe maintenant un bon moment tous les jours en arrivant à aller passer le Salam aux différents marchands. Aujourd’hui par exemple, je ai passé une bonne partie de l’après-midi dans la petite boucherie de 4m. carrés des deux frères Youssef et Ali. On ne se comprend que très difficilement, mais on y arrive. Et puis entre tous les gens qui passent par là, il y en a toujours un ou deux pour blablater un peu plus anglais à chaque fois. Les réfugiés sont très solidaires entre eux. Leurs liens d’amitiés sont puissants et sincères. Ils ont traversé les mêmes galères et partagent une mémoire commune. Ils ont grandis dans le souk à aider leurs pères et maintenant, ce sont leurs enfants qui les aident.
Ils apprécient les choses simples. En trois heures et demie cet après-midi, on a discuté, rigolé, appris à écrire arabe, bu du thé, du café, parfois entassés à 7 dans la boucherie autour du micro chauffage portatif, mais tout le monde était heureux et a passé un bon moment. Mes deux amis psychologues pourront peut-être me faire un commentaire sur la phrase qui suit, mais selon moi elle est assez significative de l’état d’esprit des gens du camp.
Nous étions 5 en tout, voilà ce qu’ils m’ont appris à écrire. Malik, Youssef, Ali, Salim, Daoud (c’est moi en arabe) et ahlan wa sahlan (bienvenue)…
Est-ce qu’on aurait appris à écrit ça à un étranger venu passer un mois en France ? Je n’en suis pas vraiment, sûr, en tout cas, je me suis posé la question et ça n’aurait pas fait partie des premiers mots auquel j’aurais pu penser.
Ils n’ont de cesse de me mettre en garde contre ce qui pourrait m’arriver ici. Laisse pas traîner ton sac, ne te promène pas seul en dehors de la zone commerciale du camp, si tu as besoin d’y aller on t’accompagne, garde toujours ton passeport contre toi, ne laisse pas apparaître tes billets devant des inconnus, etc… C’est sympa, mais en même temps, j’ai du mal à croire qu’il pourrait m’arriver quelque chose ici car tout le monde est aussi bien veillant qu’eux.
Je sortais du restaurant ce midi dans le camp et un jeune commence à me parler en arabe. Un peu fou-fou du haut de ses 18ans, je ne comprends rien à ce qu’il me raconte. Il m’emmène voir un vendeur ambulant qui parle anglais. Nous discutons un peu tous les trois et je lui demande au bout d’un moment où est ce que je peux trouver un coupe ongle… Oui oui, il est bien pour moi le coupe ongle, vous ne rêvez pas, je n’ai pas croqué un seul petit bout de mes doigts depuis mon arrivée ! Tout de suite le vendeur me dit “half dinar, no more“, le jeune m’attrape le bras et nous voilà parti bras dessus bras dessous vers un magasin. Il me fait choisir un couple ongle, le récupère, le paye, encore une fois je n’ai pas le choix, et repars en me faisant comprendre que si j’avais besoin de quoi que ce soit d’autre il était toujours devant le resto…
J’ai aussi fais une rencontre assez impressionnante cet après-midi. Le réparateur de frigo des bouchers du camp. Youssef me propose de le suivre je ne sais où. J’accepte, c’est de l’observation participative…Nous voilà parti dans les ruelles du camp, celles dont l’aspect n’a pas vraiment changé depuis sa création. C’est ici où la misère se ressent le plus à vrai dire. Il s’arrête et frappe à une porte. Quelqu’un vient nous ouvrir et nous entrons dans une grande salle, c’est à dire que le propriétaire a dû racheter au moins 3unités d’habitation rien que pour cette pièce. Elle ressemble à une salle de prière. Le muezzin vient de faire son appel, je me demande donc s’il m’emmène prier. J’avoue que je suis un peu perplexe à ce moment là.
On nous ouvre la porte d’un “petit“ salon, soit une autre unité et un homme arrive quelques secondes après. Il est assez impressionnant. Il s’installe dans un fauteuil et se présente dans un parfait anglais. ‘I was an ingenior in refrigeration in Totenham for 8 years“. Il m’offre le café de bienvenu tout ça de manière très protocolaire. Je sens que j’ai à faire à quelqu’un de respecté dans le camp. Mon interlocuteur est hyper agréable avec moi et me fait aussi pas mal rire. Youssef et lui règlent leurs affaires de frigo et l’ancien ingénieur commence à me parler, à me demander ce que je fais à Wihdat, combien de temps je reste ici, etc… Nous voici venu à parler de religion et de politique, les deux sujet défendus durant mon séjour, mais je n’ai pas vraiment le choix, j’écoute sans prendre position. Voilà qu’il commence à me sortir des phrases du style “we left Palestine because of the Jewish, you know, they stole our lands“ ; “there’s too many Jewish in France no ?“ Ca sent l’anti juif à plein nez et je n’aime pas vraiment ça. Il en vient à m’avouer qu’avant son départ pour l’Angleterre “I was a soldier…“. Heu ….? J’ai bien compris ? “I fought with the PLO of Yasser Arafat in Black September and then we left for Lebanon“.
Septembre noir ou la guerre des camps qui opposa l’armée jordanienne aux forces de Yasser Arafat en 1970 il me semble. On peut comparer cela à la guerre des camps du printemps dernier dans les camps du nord du Liban, mais avec l'OLP a la place du Hezbollah. Je comprends un peu mieux d’où viennent ses réticences envers les juifs, même si cela n’excuse rien.
Il m’invite à repasser dans quelques jours boire un café et discuter un peu. Je sens encore une fois que l’invitation est sincère et sans danger. Il est à la retraite et mène maintenant une vie tranquille loin des combats armés entre israéliens et arabes. J’y retournerai certainement avant mon départ.
Il y a aussi Bassam et son frère qui m’ont invité à manger un maqlubehee, le plat traditionnel de Palestine, après seulement 10 petites minutes de causerie dans une allée du souk. Même si encore une fois il était très difficile de communiquer, nous avons passé trois bonnes heures autour de la table du “salon-chambre des 4 enfants“, à beaucoup parler des droits de l’Homme. Ce furent d’ailleurs eux les premiers à m’alarmer sur la vision que les étrangers ont de notre nouvelle France. Nous avons aussi passé beaucoup de temps à parler d’éducation. Ce sont des gens qui n’ont pas fait d’études, mais ils accordent une immense importance à celles de leurs enfants. Ils remercient d’ailleurs beaucoup l’UNRWA de fournir un enseignement de qualité à leur progéniture. L’un des 5 enfants (dont un bébé de 4 mois) de Bassam veut devenir docteur et un autre ingénieur. Ils ont déjà beaucoup d’ambition, c’est bien. L’un des deux est premier de sa classe et fait la fierté de la famille. Son père n’était pas peu fier de me montrer ses bulletins de notes. Il m’a d’ailleurs confié que la seule chose qui contait pour lui était que ses enfants réussissent pour avoir un vrai métier et ne pas finir maçon comme leur père…
On dirait que l’accueil des étrangers est une chose qui s’inculque dès le plus jeune âge dans ce pays. Le plus vieux de ses fils m’a offert quelques billes. Encore une fois je refuse, mais là, en plus du petit, ce sont les deux frères qui m’obligent à accepter !
Bon, dernier exemple. Je ne peux pas ne pas évoquer Sami, le chauffeur de taxi, mais celui là, je crois que vous le connaissez déjà. Je dois le voir ce week-end car il a des problèmes en ce moment ce qui fait que nous ne nous ne sommes pas vu cette semaine.
En parlant de chauffeur de taxi, j’en ai rencontré un nouveau cet aprèm’, il nous a emmené à la mer Morte et nous avons pas mal discuté encore une fois. Il s’est d’ailleurs fait récemment recaler une demande de visa par notre nouveau et très beau ministère de l’immigration et de l’identité nationale…En tout cas, il ne nous en a pas tenu rigueur. Il doit même me faire visiter le grand marché central d’Amman mardi prochain. En fait, c’est de là-bas que provient la marchandise vendue dans le souk du camp, voilà d’où vient mon intérêt pour le Rungis jordanien.
Désolé pour cet article qui me paraît être un peu désordonné, mais c’est aussi comme ça que ça se passe ici, un joyeux bordel dans un monde de doux !
mardi 19 février 2008
La France vue d'ici
Depuis mon départ, les occasions d’observer la France d’un point de vue extérieur ne manquent pas. C’est assez intéressant d’entendre ce que les gens pensent de nous dans cette partie du monde. D’accord, il y a bien Courrier International pour cela, mais les articles restent écrit par des journalistes qui ont une vision globale du monde, quelques soient leur pays ou leurs opinions politiques.
Je vous parle de la vision du peuple, qu’il soit instruit ou non, de droite ou de gauche, riche ou pauvre, musulman, chrétien ou juif.
Certains discours me font rire, d’autres beaucoup moins.
Commençons par la partie la plus légère. J’étais assis devant la poste tout à l’heure avec une enveloppe « internationale » à la main. Un passant s’arrête pour me demander d’où je viens. Je ne sais pas pourquoi mais les gens ici me prennent souvent pour un Allemand. Le nombre de touristes allemands en Jordanie doit certainement être important, parce que mis à part cela, je ne vois pas beaucoup d’autres explications… Je lui réponds et la première chose dont il me parle est le pont de milano. Je me permets de le corriger en lui disant que c’est du pont de Millau dont il doit vouloir parler. Il me demande pourquoi est-ce que la France a fait une chose pareille. « C’est très dangereux, ce pont est beaucoup trop long, c’est vraiment très dangereux. Pourquoi, pourquoi ? » Il avait l’air terrorisé rien qu’en en parlant. Un peu fatigué par la journée qui venait de s’écouler, je lui réponds rapidement en lui disant simplement que les français sont fous. Il renchaîne sur le tunnel sous la manche. Je m’attends alors à le voir trembler de tous ses membres à l’évocation d’une telle construction. Mais non, cette fois, il me félicite, il trouve ça vraiment merveilleux de pouvoir relier deux pays séparés par la mer avec un tunnel. OK. Je ne comprends pas vraiment son raisonnement, mais je trouve ça plutôt amusant. Il s’éloigne en me saluant.
Un autre m’a un jour demandé confirmation sur ce qu’un ami à lui qui avait été en France lui avait raconté. « En France, vous êtes tellement riche que l’été, lorsqu’il fait beau et chaud, pour que l’atmosphère soit encore plus agréable, vous parfumez les rues et les murs des immeubles ». Sa déception est grande lorsque je lui avoue que son ami avait dû soit se moquer de lui, soit visiter un autre pays que la France. Il me croit mais m’affirme qu’en tout cas, les parfums français sentent très bon. Oui, c’est justement la raison pour laquelle nous devrions être vraiment très riche pour parfumer nos rues et nos immeubles avec…
S’il y a un domaine dans lequel nous gardons une place importante, c’est le foot. Il n’est pas rare que lorsque je dis aux gens que je suis français, le nom de Zidane soit prononcé dans la phrase qui suit. Henry jouit lui aussi d’une grande notoriété dans ce coin de la planète. Quelque chose de plus étonnant, le nombre de personnes qui me parlent de Lyon. J’ai même croisé plusieurs fois des gamins avec un écusson de l’OL sur leurs vêtements.
A les entendre, l’équipe des gones est au niveau des plus grands clubs européens. Avis que je ne partage pas, j’en profite à chaque fois pour leur dire que c’est de Bordeaux dont ils doivent se rappeler cette année. Ce seront eux les futurs champions ! Un jeune vendeur de tomates du camp m’a d’ailleurs coûté bien cher en traduction ce matin pour parler de foot. Il m’a cité tous les joueurs de Lyon et de l’équipe de France. Je vais d’ailleurs essayer d’aller voir un match de Wihdat vendredi après-midi avec lui. L’équipe du camp évolue dans le championnat national et fait partie des meilleurs équipes du pays. Elle participe même à la Champions League arabe.
Par contre en ce qui concerne la notoriété du vin de Bordeaux, c’est le néant. La grande majorité des Jordaniens ne consomment pas d’alcool et n’ont donc que faire du vignoble bordelais. Ma fierté en prend d’ailleurs un coup à chaque fois. Seuls Alex (l’Indonésien), Ahmed (dont nous parlerons après) et Majid (le Damassien) y ont fait allusion.
J’ai fait à peu près le tour des choses marrantes que j’ai pu entendre à propos de notre douce France. Voyons maintenant les choses plus tristes, tristement bien plus nombreuses…
La palme revient à Nicolas Sarkozy, largement haie par ici. Les gens m’ont souvent parlé de politique et je n’ai trouvé personne pour le soutenir. Même Ahmed qui travaille pour Sanofi Aventis, parcours le globe, et gagne beaucoup d’argent, le voit comme quelqu’un de dangereux. Pas la peine de parler des réfugiés qui n’apprécient guère sa politique de connivence avec Israël et les Etats-Unis. Ils étaient pourtant fiers de Chirac pour l’Irak et sa visite à Jérusalem lorsqu’il était intervenu alors que des policiers israéliens tentaient d’écarter des Arabes qui voulaient s’approcher de notre ex-président. Ils ne comprennent pas vraiment pourquoi la France tourne subitement le dos aux valeurs qu’elle a défendu tout au long de son histoire, c’est-à-dire les droits de l’Homme. C’est assez drôle car pour eux, c’était un domaine dans lequel la France excellait. Aujourd’hui, elle ne pense que par l’argent mais n’arrive pas à en gagner… Elle essaye de jouer avec les grands dans ce domaine sans pouvoir les suivre. En résumé, nous avons laissé tomber les droits de l’Homme pour rien car nous n’étions bon que pour cela. Ils n’ont peut-être pas tort en fin de compte…
En fait, ce qui fait le plus de peine, c’est de se rendre compte à quel point ces gens étaient fiers de nous, ils nous considéraient vraiment comme les défenseurs des pays opprimés victimes des grandes puissances parfois peu regardantes sur les droits humains (je ne sais pas si ça se dit mais ça fera l’affaire, tout le monde comprend ce que je veux dire non ?).
La plupart des personnes sont capables de me citer le nom de tous les présidents français depuis De Gaulle.
La vie privée de Nicolas fait aussi l’objet de pas mal de moqueries de la part des locaux. Seuls les plus cultivés, donc les plus riches, soit les gens des quartiers Ouest, suivent les frasques de notre cher président. Le remariage ultra-rapide avec un ancien top Model, les voyages en jet, les barbecues avec la famille Bush ou encore le probable déménagement de l’Elysée vers l’Ecole Militaire à cause d’un manque d’espace vital. Après s’être moqués du président, mes interlocuteurs prennent rapidement un ton plus sérieux pour me demander ce qu’il se passe en France pour que la population ait élu un homme pareil (je m’excuse auprès de mes lecteurs sarkozystes, mais je ne fais que relater les propos entendus ici). J’évoque alors les problèmes de pouvoir d’achat qui personnellement me semble être la clé de sa victoire. Ici aussi les gens souffrent beaucoup de la vie chère. Amman est devenue la ville la plus chère du monde arabe en comparaison avec les salaires, juste devant Dubaï. L’essence a augmenté de 53% le jeudi qui a suivi mon arrivée et devrait encore augmenter au mois d’avril. Le début du printemps est d’ailleurs extrêmement appréhendé par les Jordaniens car une hausse massive et générale des prix est attendue. Les habitants de Wihdat n’ont de cesse de me le rappeler au cours de nos entretiens. Soit dite en passant, ma traductrice aussi doit anticiper la hausse des prix vu les tarifs qu’elle pratique… Cette hausse fait d’ailleurs augmenter la fréquentation du camp. Des gens du centre ville et dans une moindre mesure de certains quartiers de l’Ouest profitent de leur vendredi pour venir à Wihdat faire leurs courses pour la semaine. Lorsque nous allons à Leader Price en France, eux vont à Wihdat. Les produits sont de bonne qualité, mais la différence de prix se joue sur le niveau de vie des habitants. Ce sont des réfugiés qui n’ont pas de grands besoins et vivent de choses simples. Visites à la famille dont la majeure partie habite aussi dans le camp, match de foot au stade pour les plus jeunes, à la TV pour les plus vieux, c’est tout. Cela leur permet d’appliquer moins de marge sur les produits revendus et donc d’attirer une clientèle plus importante.
Beaucoup se demande pourquoi je quitte mon pays pour voir ce qu’il se passe ailleurs et d’autant plus dans un camp de réfugiés d’Amman. Malheureusement, je ne suis pas le seul français dans ce cas. D’après eux, cela vient encore de notre pays où les relations entre êtres humains disparaissent de plus en plus vite, où l’on oublie les choses simples de la vie pour se concentrer sur le matériel. Et malheureusement ils n’ont encore une fois certainement pas tort…
Je vous parle de la vision du peuple, qu’il soit instruit ou non, de droite ou de gauche, riche ou pauvre, musulman, chrétien ou juif.
Certains discours me font rire, d’autres beaucoup moins.
Commençons par la partie la plus légère. J’étais assis devant la poste tout à l’heure avec une enveloppe « internationale » à la main. Un passant s’arrête pour me demander d’où je viens. Je ne sais pas pourquoi mais les gens ici me prennent souvent pour un Allemand. Le nombre de touristes allemands en Jordanie doit certainement être important, parce que mis à part cela, je ne vois pas beaucoup d’autres explications… Je lui réponds et la première chose dont il me parle est le pont de milano. Je me permets de le corriger en lui disant que c’est du pont de Millau dont il doit vouloir parler. Il me demande pourquoi est-ce que la France a fait une chose pareille. « C’est très dangereux, ce pont est beaucoup trop long, c’est vraiment très dangereux. Pourquoi, pourquoi ? » Il avait l’air terrorisé rien qu’en en parlant. Un peu fatigué par la journée qui venait de s’écouler, je lui réponds rapidement en lui disant simplement que les français sont fous. Il renchaîne sur le tunnel sous la manche. Je m’attends alors à le voir trembler de tous ses membres à l’évocation d’une telle construction. Mais non, cette fois, il me félicite, il trouve ça vraiment merveilleux de pouvoir relier deux pays séparés par la mer avec un tunnel. OK. Je ne comprends pas vraiment son raisonnement, mais je trouve ça plutôt amusant. Il s’éloigne en me saluant.
Un autre m’a un jour demandé confirmation sur ce qu’un ami à lui qui avait été en France lui avait raconté. « En France, vous êtes tellement riche que l’été, lorsqu’il fait beau et chaud, pour que l’atmosphère soit encore plus agréable, vous parfumez les rues et les murs des immeubles ». Sa déception est grande lorsque je lui avoue que son ami avait dû soit se moquer de lui, soit visiter un autre pays que la France. Il me croit mais m’affirme qu’en tout cas, les parfums français sentent très bon. Oui, c’est justement la raison pour laquelle nous devrions être vraiment très riche pour parfumer nos rues et nos immeubles avec…
S’il y a un domaine dans lequel nous gardons une place importante, c’est le foot. Il n’est pas rare que lorsque je dis aux gens que je suis français, le nom de Zidane soit prononcé dans la phrase qui suit. Henry jouit lui aussi d’une grande notoriété dans ce coin de la planète. Quelque chose de plus étonnant, le nombre de personnes qui me parlent de Lyon. J’ai même croisé plusieurs fois des gamins avec un écusson de l’OL sur leurs vêtements.
A les entendre, l’équipe des gones est au niveau des plus grands clubs européens. Avis que je ne partage pas, j’en profite à chaque fois pour leur dire que c’est de Bordeaux dont ils doivent se rappeler cette année. Ce seront eux les futurs champions ! Un jeune vendeur de tomates du camp m’a d’ailleurs coûté bien cher en traduction ce matin pour parler de foot. Il m’a cité tous les joueurs de Lyon et de l’équipe de France. Je vais d’ailleurs essayer d’aller voir un match de Wihdat vendredi après-midi avec lui. L’équipe du camp évolue dans le championnat national et fait partie des meilleurs équipes du pays. Elle participe même à la Champions League arabe.
Par contre en ce qui concerne la notoriété du vin de Bordeaux, c’est le néant. La grande majorité des Jordaniens ne consomment pas d’alcool et n’ont donc que faire du vignoble bordelais. Ma fierté en prend d’ailleurs un coup à chaque fois. Seuls Alex (l’Indonésien), Ahmed (dont nous parlerons après) et Majid (le Damassien) y ont fait allusion.
J’ai fait à peu près le tour des choses marrantes que j’ai pu entendre à propos de notre douce France. Voyons maintenant les choses plus tristes, tristement bien plus nombreuses…
La palme revient à Nicolas Sarkozy, largement haie par ici. Les gens m’ont souvent parlé de politique et je n’ai trouvé personne pour le soutenir. Même Ahmed qui travaille pour Sanofi Aventis, parcours le globe, et gagne beaucoup d’argent, le voit comme quelqu’un de dangereux. Pas la peine de parler des réfugiés qui n’apprécient guère sa politique de connivence avec Israël et les Etats-Unis. Ils étaient pourtant fiers de Chirac pour l’Irak et sa visite à Jérusalem lorsqu’il était intervenu alors que des policiers israéliens tentaient d’écarter des Arabes qui voulaient s’approcher de notre ex-président. Ils ne comprennent pas vraiment pourquoi la France tourne subitement le dos aux valeurs qu’elle a défendu tout au long de son histoire, c’est-à-dire les droits de l’Homme. C’est assez drôle car pour eux, c’était un domaine dans lequel la France excellait. Aujourd’hui, elle ne pense que par l’argent mais n’arrive pas à en gagner… Elle essaye de jouer avec les grands dans ce domaine sans pouvoir les suivre. En résumé, nous avons laissé tomber les droits de l’Homme pour rien car nous n’étions bon que pour cela. Ils n’ont peut-être pas tort en fin de compte…
En fait, ce qui fait le plus de peine, c’est de se rendre compte à quel point ces gens étaient fiers de nous, ils nous considéraient vraiment comme les défenseurs des pays opprimés victimes des grandes puissances parfois peu regardantes sur les droits humains (je ne sais pas si ça se dit mais ça fera l’affaire, tout le monde comprend ce que je veux dire non ?).
La plupart des personnes sont capables de me citer le nom de tous les présidents français depuis De Gaulle.
La vie privée de Nicolas fait aussi l’objet de pas mal de moqueries de la part des locaux. Seuls les plus cultivés, donc les plus riches, soit les gens des quartiers Ouest, suivent les frasques de notre cher président. Le remariage ultra-rapide avec un ancien top Model, les voyages en jet, les barbecues avec la famille Bush ou encore le probable déménagement de l’Elysée vers l’Ecole Militaire à cause d’un manque d’espace vital. Après s’être moqués du président, mes interlocuteurs prennent rapidement un ton plus sérieux pour me demander ce qu’il se passe en France pour que la population ait élu un homme pareil (je m’excuse auprès de mes lecteurs sarkozystes, mais je ne fais que relater les propos entendus ici). J’évoque alors les problèmes de pouvoir d’achat qui personnellement me semble être la clé de sa victoire. Ici aussi les gens souffrent beaucoup de la vie chère. Amman est devenue la ville la plus chère du monde arabe en comparaison avec les salaires, juste devant Dubaï. L’essence a augmenté de 53% le jeudi qui a suivi mon arrivée et devrait encore augmenter au mois d’avril. Le début du printemps est d’ailleurs extrêmement appréhendé par les Jordaniens car une hausse massive et générale des prix est attendue. Les habitants de Wihdat n’ont de cesse de me le rappeler au cours de nos entretiens. Soit dite en passant, ma traductrice aussi doit anticiper la hausse des prix vu les tarifs qu’elle pratique… Cette hausse fait d’ailleurs augmenter la fréquentation du camp. Des gens du centre ville et dans une moindre mesure de certains quartiers de l’Ouest profitent de leur vendredi pour venir à Wihdat faire leurs courses pour la semaine. Lorsque nous allons à Leader Price en France, eux vont à Wihdat. Les produits sont de bonne qualité, mais la différence de prix se joue sur le niveau de vie des habitants. Ce sont des réfugiés qui n’ont pas de grands besoins et vivent de choses simples. Visites à la famille dont la majeure partie habite aussi dans le camp, match de foot au stade pour les plus jeunes, à la TV pour les plus vieux, c’est tout. Cela leur permet d’appliquer moins de marge sur les produits revendus et donc d’attirer une clientèle plus importante.
Beaucoup se demande pourquoi je quitte mon pays pour voir ce qu’il se passe ailleurs et d’autant plus dans un camp de réfugiés d’Amman. Malheureusement, je ne suis pas le seul français dans ce cas. D’après eux, cela vient encore de notre pays où les relations entre êtres humains disparaissent de plus en plus vite, où l’on oublie les choses simples de la vie pour se concentrer sur le matériel. Et malheureusement ils n’ont encore une fois certainement pas tort…
Damas
Rues typiques du vieu Damas



Joli bus tunning en fond

Quartier Chrétien
Quartier Chrétien(bis)
Quartier Chrétien(ter)
Souk
Joli bus tunning en fond
lundi 18 février 2008
dimanche 17 février 2008
Damas la Magnifique !!!
Autant vous prévenir tout de suite, cet article risque d’être vraiment très long ! Et encore, j’aurai certainement oublié de vous parler de nombreuses choses au moment de conclure.
Commençons par le lointain commencement, à l’époque ou Jean François et Sandrine (mon cousin et ma cousine pour ceux qui ne les connaissent pas) habitaient à Amman.
Là encore, un souvenir qui me reste depuis longtemps, sans vraiment savoir pourquoi.
A l’époque, ils ne revenaient en France qu’une fois par an et c’était à chaque fois l’occasion d’écouter leurs aventures, qui du haut de mes 15 ans m’impressionnaient beaucoup. Nous sommes tous installés autour de la table de chez ma grand mère, dans ce salon chargé… d’histoire familiale. J’écoute les oreilles et les yeux grand ouverts les histoires de nos deux expatriés. Et voilà qu’ils arrivent à nous parler d’un de leur séjour en Syrie où ils avaient d’ailleurs acheté des meubles et des tissus si ma mémoire ne flanche pas. (Pourquoi je me souviens de ça moi?!) Et c’est là-dessus que je suis resté. Ce pays me paraissait si lointain, si exotique mais surtout si dangereux.
Mercredi 13 février 2008, soit 9 ans plus tard :
Demain, j’atteindrai enfin la Syrie après notre tentative infructueuse de l’année dernière avec Sami. Tout vient à point à qui sait attendre. Difficile à accepter mais souvent vrai.
Je retrouve des amis dans un bar et c’est alors qu’arrive une fille, archéologue et ayant pour directeur de mémoire le directeur de l’IFPO à Amman. Je ne l’avais jamais croisée avant. Après un petit quart d’heure de discussion, j’en viens à lui parler que je pars pour Damas demain. Elle a déjà un visa pour la Syrie, je lui propose de me suivre, elle accepte. Le rendez-vous est donc pris pour demain midi !
Je dois aussitôt partir rejoindre Idris qui arrive juste de Pétra où il a passé quelques jours à vadrouiller dans le sud du pays. Il a d’ailleurs fait la rencontre d’un apprenti combattant de Dieu, algérien et venu en Jordanie dans le but de trouver une voie d’entrée dans le Djihad. J’en parle comme ça car d’après Idris, il est innofensif. Il n’en est pour l’instant qu’à s’entraîner au nunchaku dans son magasin de lunettes…
En fait Idris est étudiant à l’IFPO de Damas et a partagé ma chambre à Amman le week-end dernier. Le contact est bien passé entre nous donc il s’est arrêté sur le chemin du retour pour passer la soirée avec moi et faire le chemin jusqu’à Damas le lendemain.
Nous passons la soirée à parler de la religion musulmane. Même s’il n’est pas un grand pratiquant, il connaît bien sa religion et répond aux nombreuses interrogations qui étaient miennes. La discussion se prolonge jusqu’à tard dans la nuit. Je souhaite passer à Wihdat avant de partir donc réveil matinal plutôt difficile.
Nous nous retrouvons tous les trois à l’IFPO avec une petite demi-heure de retard sur l’horaire prévu. Direction Abdali pour attraper un taxi collectif que nous partageons avec deux palestiniens. Un vrai de vrai qui habite dans les territoires occupés et un syrien réfugié de 1967.
Le trajet se passe bien. En arrivant à Damas, nous passons à l’IFPO pour voir si une chambre est disponible. C’est à partir de ce moment là que les choses commencent à basculer. Quelle surprise, quel émerveillement devant le bâtiment de l’institut. Un vrai havre de paix avec des tableaux, des tapis accrochés aux murs, des alcôves dans les murs faisant office de bibliothèques, etc… Nous allons donc voir le directeur avec qui Idris à l’air d’entretenir de très bonnes relations, malheureusement, il nous annonce que toutes les chambres sont prises. Il téléphone à l’IFAPO, équivalent de l’IFPO mais spécialisé en archéologie pour tenter notre dernière chance. C’est bon, nous logerons donc quelques rues plus loin dans un appartement tout aussi beau que le premier avec une vrai douche, des vrai couettes, des vrais chauffages, des vrais peintures, un vrai salon, une vrai cuisine, bref, on y vivrait !
Nous repassons à l’IFPO avant de partir vers la vieille ville pour qu’Idris revoit une de ses anciennes profs de passage à l’institut. C’est alors que M. le directeur nous invite à manger chez lui…
Bon, pour vous faire comprendre un peu mieux le truc j’utiliserai l’exemple du parti socialiste. S’il y a trois éléphants au PS, il y en a aussi trois à l’IFPO. Ce soir, je vais donc devoir partager un repas et surtout des conversations avec Strauss Khan et Fabius (Ségolène quant à elle vient de repartir sur Beyrouth, ce qui à ce moment de la soirée ne me paraît pas être une si mauvaise chose). Deux autres chercheuses sont là. Direction la vieille ville pour nous rendre jusqu’à l’humble demeure de Dominique. Nous arrivons devant la porte, une toute petite porte en bois qui n’a l’air de rien. Il ouvre la porte qui donne sur un tout petit couloir qui n’a toujours l’air de rien. Nous arrivons au bout du couloir et c’est là où je commence à suffoquer devant la merveille qui m’est offert de voir ce soir. Une cour intérieure avec une petite fontaine au milieu, un jardin d’été, un oranger offrant de jolis fruits, une terrasse et des marches qui montent jusqu’à l’étage supérieur. Le tout pourrait faire penser à un riyad marocain, mais en bois, dans la plus pure tradition Damasienne.
Jusque là je suis toujours impressionné et ne parle pas beaucoup. Putain, voilà qu’on me place à la droite du père, le directeur de Damas. Oulala, oulala, il faut rester calme !
Arrive enfin l’occasion de me détendre un peu avec un verre d’Arak, genre de berger syrien d’une cinquantaine de degrés. Que ce soit clair, j’aime me plier aux mœurs locales, je n’ai donc pas consommé d’alcool depuis mon arrivée (seulement deux bières deux fois). Après la courte nuit de la veille, le trajet et le stress qui me tient depuis une demi-heure, autant vous dire que les trois premières gorgées suffisent à détendre l’atmosphère interne… Un deuxième, un troisième, bizarrement, plus les verres passent et plus j’oublie que je suis entouré d’éléphants…Je me sens même complètement à l’aise et prends part aux débats qui s’installent autour de la table. Voilà le moment que je redoutais le plus, M. Strauss Kahn commence à me parler de mon sujet de mémoire si controversé depuis mon arrivée à Amman. Tiens, c’est marrant, il se rappel de ce sujet dont il a parlé avec les trois éléphants cet après-midi et qui « Si je me rappel bien fait l’objet d’une bourse de l’IFPO non.. ? » Oui, oui monsieur, c’est bien ça. La tension remonte bizarrement en moi. Et retombe très vite, tellement vite que l’arak me donne des ailes qui me font lui balancer tout ce que je pense depuis mon arrivée. Mais serais-je devenu fou ? En tout cas, il a l’air d’apprécier mon sujet. Youhou, un point, il se lève chercher une feuille de papier pour noter les points importants de notre conversation et m’assure que tout sera réglé lundi.
Nous partons vers 2h30 avec Rizlaine, grisés par cette superbe soirée. La ville nous semble déjà tellement belle de nuit que nous déambulons au hasard des rues où circulent les Syriens. Vous savez ce peuple opprimé victime d’une affreuse dictature infligée par l’un des leaders de l’axe du mal…Bizarrement, ils n’ont pas l’air si malheureux et partage tout comme nous cette démarche un peu hasardeuse de ceux qui ont un peu trop arrosé leurs jeudi soir.
3h30, il est grand temps de se coucher si nous voulons profiter de notre journée de demain.
Vendredi 15 février :
Nous arrivons à nous lever à 9h00 somme toute biens fatigués. Direction la vieille ville.
Les choses se sont passées très rapidement entre nous, dès les premières minutes, j’avais senti ce petit quelque chose que je n’ai connu qu’une ou deux fois dans ma vie. Vous savez, quand on sait que c’est elle qu’on a cherché si longtemps, elle qu’elle arrive au moment où on ne l’attend pas. Il y a une chanson qui dit comme ça « quand je te vois je sais que c’est toi, quand tu me vois tu sais que c’est moi », et bien c’est exactement ça qu’il s’est passé entre nous. Le coup de foudre !!! Tout simplement.
Ca fait toujours bizarre de tomber amoureux d’une ville, mais ça arrive. Il y a eu Lisbonne, il y aura Damas, mais je crois que cette histoire ne vient que de commencer.
Resituons un peu le contexte. Le soleil brille sur la ville, pas un nuage, il fait bon. Nous commençons notre visite par le quartier chrétien de la vieille ville où les églises se comptent par dizaine. On entend même les cloches sonner ce qui n’est pas toujours toléré dans beaucoup de pays musulmans. C’est comme si le muezzin se mettait à chanter en plein Paris. Il y en a qui ne tarderaient pas à clamer haut et fort leur indignation. Et bien au pays d’Al Assad, c’est pemit. (Je tiens à dire tout de suite que je ne vais pas me faire le défenseur d’un dictateur qui pend les homosexuels et soutient le Hezbollah libanais qui n’est pas toujours le plus pacifiste des partis. Je veux juste montrer que la description faite de ce pays en occident reste à des milliers de kilomètres de la réalité.)
Nous nous perdons dans les ruelles toutes plus belles les unes que les autres abritants des petits ateliers de marqueterie qui est la spécialité des Chrétiens de la ville. Les filles sont maquillées, et s’affichent dans des petites tenues parfois bien affriolantes.
Après quelques minutes, nous voilà dans le quartier Chiite. Vous savez, les méchants islamistes dont le plus grand représentant dans la région est Hassan Nasrallah chef du Hezbollah libanais. Son portrait est partout, tout comme celui du président, omniprésent et de Yasser Arafat, ancien chef de l’OLP. Oulà, a en écouter les princes occidentaux, les risques doivent être grands. En effet, je me balade à côté d’une Marocaine non voilée qui fume et qui est accompagnée d’un hérétique. Les regards sont pourtant moindres que dans la ville basse d’Amman.
Deux heures que nous marchons et tout est beau. L’architecture, les rues, les voitures. En effet, le nombre de voitures américaines style Cadillac et Chevrolet est impressionnant. Je ne m’attendais pas à ça en venant ici. On se demande comment elles roulent encore, mais elles roulent. Pareil pour les vieux vélos bricolés. L’idée la plus originale que j’ai vu revient à un vélo sur lequel avait été adapté un moteur de Solex. Le look des bus et des taxis sont eux aussi plutôt sympas. Un peu à l’Indienne avec beaucoup de néons, même dans l’abitacle.
Vendredi, jour du seigneur en Syrie tout comme en Jordanie. Le souk est totalement vide et à vrai dire c’est vraiment sympa de le voir comme ça. Quand on connaît l’immensité des lieux, on peut imaginer la scène. Une véritable ville fantôme où personne ne circule. Rien, pas un bruit, nous ne sommes que deux à s’être perdus ici.
Nous arrivons enfin devant la merveille, symbole de la ville, la mosquée des Omeyyades. Là, on retrouve un peu plus d’animation, surtout à la sortie de la grande prière du vendredi. Le nombre de touriste est quasi nul ce qui est bien agréable dans ce genre de villes si belles, qui normalement attirent des foules de voyageurs en circuits organisés.
Nous commençons à être épuisés, il est grand temps d’avaler un shewarma et de se poser boire un thé. Nous trouvons un petit café sous une treille au soleil. Là, les regards sont différents. Le serveur ne regardera ni ne s’adressera à Rizlaine, ce qui, je dois l’admettre se reproduira souvent par la suite. Mais il y a quand même quelque chose d’assez drôle dans tout ça, c’est le regard des deux papis assis en face de nous qui scotchent littéralement pendant plus de quinze minutes, la bouche entre ouverte, ce membre du sexe opposé assis devant eux. J’aurais rêvé d’en faire une photo.
Quelqu’un s’assied à quelques tablées de nous. Des enfants arrivent et veulent nous cirer nos chaussures. Toujours difficile à voir et à accepter, mais leur dire non ne les renverra ni à l’école et ne leur donnera pas non plus de quoi manger. J’accepte et m’installe à côté de cet homme en train d’étudier sa méthode d’anglais. Ce sera l’occasion d’échanger dans les trois langues que je baragouine, soit le français, l’anglais et l’espagnol. Voilà bien longtemps que je n’avais pas utilisé la langue de Don Quichotte.
Agé d’une bonne quarantaine d’années, il m’avoue partager le même amour que moi pour cette ville. Il passe d’ailleurs vingt bonnes minutes à vanter tous les mérites de sa ville natale. Il nous indique aussi les bonnes adresses où nous finirons la journée.
Après une heure de discute, il nous propose de nous montrer la maison de son frère en plein centre de la vielle ville. Là encore, une petite porte, un petit couloir et une immense et magnifique maison Damassienne. Il nous explique que les habitants de la ville ne souhaitaient pas montrer leurs richesses aux différents envahisseurs, c’est pourquoi ils faisaient des maisons qui paraissaient quelles conques de l’extérieur. Nous nous quittons enfin.
Le soleil descend doucement sur cette perle du Proche-Orient. Les murs prennent alors une teinte orangée, une véritable merveille. Damas est décidément magique. Elle se révèle encore plus séduisante lorsqu’elle revêt sa tenue de soirée. On se sent plongé petit à petit dans les contes des milles et unes nuits. Je me demandais s’il existait toujours une ville orientale où il était possible de trouver cette atmosphère. Je l’ai trouvé, et je crois même en être tombé amoureux.
Les cafés d’où s’envolent les fumées de narguilés qui parfument les rues, les éclairages qui n’éclairent plus grand chose, les échoppes animées, les vendeurs d’épices, la musique orientale, tout y est !
Le rêve ne serait pas complet sans une petite séance au hammam. La nuit est déjà bien tombé, je quitte Rizlaine qui doit se résigner de trouver un hammam pour femme en ce vendredi, jour du repos dans l’islam, mais aussi des hommes semble-t-il.
Comme si l’extérieur ne suffisait pas, il faut que le rêve continu à l’intérieur. Je pénètre dans les lieux où une petite fontaine trône au milieu de la pièce. Au-dessus d’elle un grand dôme peint à l’orientale et sur trois des quatre côtés de la pièce, de larges banquettes auxquelles on accède par des marches et où sont installés des hommes avec leur thé et leur narguilé. Non seulement j’ai les yeux rond d’émerveillement mais en plus, je n’ai aucune idée de ce que je dois faire. Bon, je décide donc d’y aller à l’intuition. Jusqu’au moment de me mettre complètement à poil. Je ne sais pas trop si je me le sens autour de cette bande de circoncits…J’attends, je regarde à droite, à gauche et c’est à ce moment-là qu’arrive le chef des lieux pour m’emmitoufler dans ma serviette. Ouf, j’ai le droit de garder mon intimité ! Les clients du hammam n’ont pas fini de rigoler avec moi, au contraire les choses ne font que commencer. Rien à voir avec le hammam dans lequel j’avais été avec Sami l’année dernière. J’espérais pourtant me servir de mes souvenirs mais non, pas possible. J’essaye de faire comme les autres. Je passe d’abord par la vapeur avant de me laver. Ensuite, un syrien voit que je n’ai vraiment rien pigé et m’invite à l'imiter. J’arrive à lui expliquer dans les deux mots d’arabe que j’ai appris que je suis français, étudiant à Amman et en week-end ici pour deux jours seulement. Après ça, massage. Le masseur plein de dextérité dans ses gestes me fait craquer le dos comme jamais, mais rien de cassé. Je retourne enfin dans la pièce centrale où je retrouve une bonne dizaine d’hommes en train de tirer sur leur narguilé tout en buvant leur thé. On m'apporte un thé à moi aussi avant de venir m’essuyer et cette fois ci, c’est mes oreilles que mon bienfaiteur prend entre ses doigts avant de les faire craquer. Je n’aurais pas cru cela possible mais en fait si…
Tout le monde parle de moi, je suis un peu une bête de cirque qui intrigue vraiment les personnes.
Je règle ma note de 225 £S soit environ un peu moins de 3€.
Direction maintenant un resto qui a pris ses quartiers dans une maison Damassienne bien typique, le tout dans un décor de verdure dont un bel oranger en fruits... Nous nous installons au niveau supérieur à une table qui ne va pas tarder à être remplie de mezzés tous aussi fins et délicieux les uns que les autres. Tu vois ce que je veux dire Sami, un peu comme en Turquie, mais encore meilleur sans vouloir t’offenser.
Malgré la fatigue, j’aurais beaucoup de mal à m’endormir après tout ce que j’ai vu aujourd’hui. Les images me reviennent sans cesse et ce n’est que trois bon quarts d’heure après m’être couché que je trouverai le sommeil.
Samedi, l’activité est de retour. Nous repassons dans de nombreuses ruelles déjà découvertes la veille, mais mon émerveillement reste le même. Le but de la courte journée qui nous attend avant notre (triste) retour à Amman est d’arpenter le souk. L’ambiance est à 15 000milles lieues de la veille. L’environnement grouille d’activité, les couleurs, les senteurs, etc…Je ne vais pas continuer à tout décrire, car je pense que des photos seront plus parlantes que mes doigts. En tout cas, on y vend de tout, dont des mélanges de potions magiques assez intéressantes à base de lézard, salamandre, tortue, le tout mélangé à différentes plantes.
La dernière expérience du week-end sera la dégustation de chameau. Au détour d’une rue, nous apercevons une énorme tête de chameau suspendue au dessus de l’entrée d’une boucherie aux conditions d'hygiène plutôt déplorables. Au fond du minuscule atelier de découpe se trouve un grill sur lequel on fait revenir des brochettes de viande hachée. Il se trouve que l’individu dont la tête pend dans l’entrée a le reste du corps en train de griller sur le barbecue situé à deux mètres. Je ne pouvais pas manquer l’occasion. Après de plates excuses auprès du géant bien moins impressionnant avec les pattes en moins, je me lance dans la dégustation. Excellente, même si elle n’a pas un goût très prononcé. Les lieux sont tenus par un hommes d’une soixantaine d’années et ses trois fils. Ils m’expliquent qu’ils tuent un chameau, le découpe, le dispose en vitrine et qu’une fois que tout est vendu, ils en tuent un autre. Donc en fait, leur magasin ne tourne qu’avec une seule bête…
Voilà, pour ce qui était de mon premier contact avec la capitale syrienne. Week-end inoubliable terminé de la meilleure des manières en entendant mon tuteur me conforter dans le choix de MON sujet. L’étude des mobilités des marchands du souk du camp lui paraît être un sujet intéressant. Après deux semaines de prise de tête, je peux enfin respirer et me lancer à fond dans mes entretiens. Wihdat, me voilà, je n’ai pas fini de retourner, de triturer, d’observer et de sentir ton souk si animé. Retour sur Amman l’esprit léger, la tête encore un peu dans mes souvenirs qui n’ont pas fini de me hanter jusqu’à début mars, date à laquelle j’irai retrouver mon nouvel amour pour quelques jours, avant une séparation bien plus longue que je redoute déjà…
Commençons par le lointain commencement, à l’époque ou Jean François et Sandrine (mon cousin et ma cousine pour ceux qui ne les connaissent pas) habitaient à Amman.
Là encore, un souvenir qui me reste depuis longtemps, sans vraiment savoir pourquoi.
A l’époque, ils ne revenaient en France qu’une fois par an et c’était à chaque fois l’occasion d’écouter leurs aventures, qui du haut de mes 15 ans m’impressionnaient beaucoup. Nous sommes tous installés autour de la table de chez ma grand mère, dans ce salon chargé… d’histoire familiale. J’écoute les oreilles et les yeux grand ouverts les histoires de nos deux expatriés. Et voilà qu’ils arrivent à nous parler d’un de leur séjour en Syrie où ils avaient d’ailleurs acheté des meubles et des tissus si ma mémoire ne flanche pas. (Pourquoi je me souviens de ça moi?!) Et c’est là-dessus que je suis resté. Ce pays me paraissait si lointain, si exotique mais surtout si dangereux.
Mercredi 13 février 2008, soit 9 ans plus tard :
Demain, j’atteindrai enfin la Syrie après notre tentative infructueuse de l’année dernière avec Sami. Tout vient à point à qui sait attendre. Difficile à accepter mais souvent vrai.
Je retrouve des amis dans un bar et c’est alors qu’arrive une fille, archéologue et ayant pour directeur de mémoire le directeur de l’IFPO à Amman. Je ne l’avais jamais croisée avant. Après un petit quart d’heure de discussion, j’en viens à lui parler que je pars pour Damas demain. Elle a déjà un visa pour la Syrie, je lui propose de me suivre, elle accepte. Le rendez-vous est donc pris pour demain midi !
Je dois aussitôt partir rejoindre Idris qui arrive juste de Pétra où il a passé quelques jours à vadrouiller dans le sud du pays. Il a d’ailleurs fait la rencontre d’un apprenti combattant de Dieu, algérien et venu en Jordanie dans le but de trouver une voie d’entrée dans le Djihad. J’en parle comme ça car d’après Idris, il est innofensif. Il n’en est pour l’instant qu’à s’entraîner au nunchaku dans son magasin de lunettes…
En fait Idris est étudiant à l’IFPO de Damas et a partagé ma chambre à Amman le week-end dernier. Le contact est bien passé entre nous donc il s’est arrêté sur le chemin du retour pour passer la soirée avec moi et faire le chemin jusqu’à Damas le lendemain.
Nous passons la soirée à parler de la religion musulmane. Même s’il n’est pas un grand pratiquant, il connaît bien sa religion et répond aux nombreuses interrogations qui étaient miennes. La discussion se prolonge jusqu’à tard dans la nuit. Je souhaite passer à Wihdat avant de partir donc réveil matinal plutôt difficile.
Nous nous retrouvons tous les trois à l’IFPO avec une petite demi-heure de retard sur l’horaire prévu. Direction Abdali pour attraper un taxi collectif que nous partageons avec deux palestiniens. Un vrai de vrai qui habite dans les territoires occupés et un syrien réfugié de 1967.
Le trajet se passe bien. En arrivant à Damas, nous passons à l’IFPO pour voir si une chambre est disponible. C’est à partir de ce moment là que les choses commencent à basculer. Quelle surprise, quel émerveillement devant le bâtiment de l’institut. Un vrai havre de paix avec des tableaux, des tapis accrochés aux murs, des alcôves dans les murs faisant office de bibliothèques, etc… Nous allons donc voir le directeur avec qui Idris à l’air d’entretenir de très bonnes relations, malheureusement, il nous annonce que toutes les chambres sont prises. Il téléphone à l’IFAPO, équivalent de l’IFPO mais spécialisé en archéologie pour tenter notre dernière chance. C’est bon, nous logerons donc quelques rues plus loin dans un appartement tout aussi beau que le premier avec une vrai douche, des vrai couettes, des vrais chauffages, des vrais peintures, un vrai salon, une vrai cuisine, bref, on y vivrait !
Nous repassons à l’IFPO avant de partir vers la vieille ville pour qu’Idris revoit une de ses anciennes profs de passage à l’institut. C’est alors que M. le directeur nous invite à manger chez lui…
Bon, pour vous faire comprendre un peu mieux le truc j’utiliserai l’exemple du parti socialiste. S’il y a trois éléphants au PS, il y en a aussi trois à l’IFPO. Ce soir, je vais donc devoir partager un repas et surtout des conversations avec Strauss Khan et Fabius (Ségolène quant à elle vient de repartir sur Beyrouth, ce qui à ce moment de la soirée ne me paraît pas être une si mauvaise chose). Deux autres chercheuses sont là. Direction la vieille ville pour nous rendre jusqu’à l’humble demeure de Dominique. Nous arrivons devant la porte, une toute petite porte en bois qui n’a l’air de rien. Il ouvre la porte qui donne sur un tout petit couloir qui n’a toujours l’air de rien. Nous arrivons au bout du couloir et c’est là où je commence à suffoquer devant la merveille qui m’est offert de voir ce soir. Une cour intérieure avec une petite fontaine au milieu, un jardin d’été, un oranger offrant de jolis fruits, une terrasse et des marches qui montent jusqu’à l’étage supérieur. Le tout pourrait faire penser à un riyad marocain, mais en bois, dans la plus pure tradition Damasienne.
Jusque là je suis toujours impressionné et ne parle pas beaucoup. Putain, voilà qu’on me place à la droite du père, le directeur de Damas. Oulala, oulala, il faut rester calme !
Arrive enfin l’occasion de me détendre un peu avec un verre d’Arak, genre de berger syrien d’une cinquantaine de degrés. Que ce soit clair, j’aime me plier aux mœurs locales, je n’ai donc pas consommé d’alcool depuis mon arrivée (seulement deux bières deux fois). Après la courte nuit de la veille, le trajet et le stress qui me tient depuis une demi-heure, autant vous dire que les trois premières gorgées suffisent à détendre l’atmosphère interne… Un deuxième, un troisième, bizarrement, plus les verres passent et plus j’oublie que je suis entouré d’éléphants…Je me sens même complètement à l’aise et prends part aux débats qui s’installent autour de la table. Voilà le moment que je redoutais le plus, M. Strauss Kahn commence à me parler de mon sujet de mémoire si controversé depuis mon arrivée à Amman. Tiens, c’est marrant, il se rappel de ce sujet dont il a parlé avec les trois éléphants cet après-midi et qui « Si je me rappel bien fait l’objet d’une bourse de l’IFPO non.. ? » Oui, oui monsieur, c’est bien ça. La tension remonte bizarrement en moi. Et retombe très vite, tellement vite que l’arak me donne des ailes qui me font lui balancer tout ce que je pense depuis mon arrivée. Mais serais-je devenu fou ? En tout cas, il a l’air d’apprécier mon sujet. Youhou, un point, il se lève chercher une feuille de papier pour noter les points importants de notre conversation et m’assure que tout sera réglé lundi.
Nous partons vers 2h30 avec Rizlaine, grisés par cette superbe soirée. La ville nous semble déjà tellement belle de nuit que nous déambulons au hasard des rues où circulent les Syriens. Vous savez ce peuple opprimé victime d’une affreuse dictature infligée par l’un des leaders de l’axe du mal…Bizarrement, ils n’ont pas l’air si malheureux et partage tout comme nous cette démarche un peu hasardeuse de ceux qui ont un peu trop arrosé leurs jeudi soir.
3h30, il est grand temps de se coucher si nous voulons profiter de notre journée de demain.
Vendredi 15 février :
Nous arrivons à nous lever à 9h00 somme toute biens fatigués. Direction la vieille ville.
Les choses se sont passées très rapidement entre nous, dès les premières minutes, j’avais senti ce petit quelque chose que je n’ai connu qu’une ou deux fois dans ma vie. Vous savez, quand on sait que c’est elle qu’on a cherché si longtemps, elle qu’elle arrive au moment où on ne l’attend pas. Il y a une chanson qui dit comme ça « quand je te vois je sais que c’est toi, quand tu me vois tu sais que c’est moi », et bien c’est exactement ça qu’il s’est passé entre nous. Le coup de foudre !!! Tout simplement.
Ca fait toujours bizarre de tomber amoureux d’une ville, mais ça arrive. Il y a eu Lisbonne, il y aura Damas, mais je crois que cette histoire ne vient que de commencer.
Resituons un peu le contexte. Le soleil brille sur la ville, pas un nuage, il fait bon. Nous commençons notre visite par le quartier chrétien de la vieille ville où les églises se comptent par dizaine. On entend même les cloches sonner ce qui n’est pas toujours toléré dans beaucoup de pays musulmans. C’est comme si le muezzin se mettait à chanter en plein Paris. Il y en a qui ne tarderaient pas à clamer haut et fort leur indignation. Et bien au pays d’Al Assad, c’est pemit. (Je tiens à dire tout de suite que je ne vais pas me faire le défenseur d’un dictateur qui pend les homosexuels et soutient le Hezbollah libanais qui n’est pas toujours le plus pacifiste des partis. Je veux juste montrer que la description faite de ce pays en occident reste à des milliers de kilomètres de la réalité.)
Nous nous perdons dans les ruelles toutes plus belles les unes que les autres abritants des petits ateliers de marqueterie qui est la spécialité des Chrétiens de la ville. Les filles sont maquillées, et s’affichent dans des petites tenues parfois bien affriolantes.
Après quelques minutes, nous voilà dans le quartier Chiite. Vous savez, les méchants islamistes dont le plus grand représentant dans la région est Hassan Nasrallah chef du Hezbollah libanais. Son portrait est partout, tout comme celui du président, omniprésent et de Yasser Arafat, ancien chef de l’OLP. Oulà, a en écouter les princes occidentaux, les risques doivent être grands. En effet, je me balade à côté d’une Marocaine non voilée qui fume et qui est accompagnée d’un hérétique. Les regards sont pourtant moindres que dans la ville basse d’Amman.
Deux heures que nous marchons et tout est beau. L’architecture, les rues, les voitures. En effet, le nombre de voitures américaines style Cadillac et Chevrolet est impressionnant. Je ne m’attendais pas à ça en venant ici. On se demande comment elles roulent encore, mais elles roulent. Pareil pour les vieux vélos bricolés. L’idée la plus originale que j’ai vu revient à un vélo sur lequel avait été adapté un moteur de Solex. Le look des bus et des taxis sont eux aussi plutôt sympas. Un peu à l’Indienne avec beaucoup de néons, même dans l’abitacle.
Vendredi, jour du seigneur en Syrie tout comme en Jordanie. Le souk est totalement vide et à vrai dire c’est vraiment sympa de le voir comme ça. Quand on connaît l’immensité des lieux, on peut imaginer la scène. Une véritable ville fantôme où personne ne circule. Rien, pas un bruit, nous ne sommes que deux à s’être perdus ici.
Nous arrivons enfin devant la merveille, symbole de la ville, la mosquée des Omeyyades. Là, on retrouve un peu plus d’animation, surtout à la sortie de la grande prière du vendredi. Le nombre de touriste est quasi nul ce qui est bien agréable dans ce genre de villes si belles, qui normalement attirent des foules de voyageurs en circuits organisés.
Nous commençons à être épuisés, il est grand temps d’avaler un shewarma et de se poser boire un thé. Nous trouvons un petit café sous une treille au soleil. Là, les regards sont différents. Le serveur ne regardera ni ne s’adressera à Rizlaine, ce qui, je dois l’admettre se reproduira souvent par la suite. Mais il y a quand même quelque chose d’assez drôle dans tout ça, c’est le regard des deux papis assis en face de nous qui scotchent littéralement pendant plus de quinze minutes, la bouche entre ouverte, ce membre du sexe opposé assis devant eux. J’aurais rêvé d’en faire une photo.
Quelqu’un s’assied à quelques tablées de nous. Des enfants arrivent et veulent nous cirer nos chaussures. Toujours difficile à voir et à accepter, mais leur dire non ne les renverra ni à l’école et ne leur donnera pas non plus de quoi manger. J’accepte et m’installe à côté de cet homme en train d’étudier sa méthode d’anglais. Ce sera l’occasion d’échanger dans les trois langues que je baragouine, soit le français, l’anglais et l’espagnol. Voilà bien longtemps que je n’avais pas utilisé la langue de Don Quichotte.
Agé d’une bonne quarantaine d’années, il m’avoue partager le même amour que moi pour cette ville. Il passe d’ailleurs vingt bonnes minutes à vanter tous les mérites de sa ville natale. Il nous indique aussi les bonnes adresses où nous finirons la journée.
Après une heure de discute, il nous propose de nous montrer la maison de son frère en plein centre de la vielle ville. Là encore, une petite porte, un petit couloir et une immense et magnifique maison Damassienne. Il nous explique que les habitants de la ville ne souhaitaient pas montrer leurs richesses aux différents envahisseurs, c’est pourquoi ils faisaient des maisons qui paraissaient quelles conques de l’extérieur. Nous nous quittons enfin.
Le soleil descend doucement sur cette perle du Proche-Orient. Les murs prennent alors une teinte orangée, une véritable merveille. Damas est décidément magique. Elle se révèle encore plus séduisante lorsqu’elle revêt sa tenue de soirée. On se sent plongé petit à petit dans les contes des milles et unes nuits. Je me demandais s’il existait toujours une ville orientale où il était possible de trouver cette atmosphère. Je l’ai trouvé, et je crois même en être tombé amoureux.
Les cafés d’où s’envolent les fumées de narguilés qui parfument les rues, les éclairages qui n’éclairent plus grand chose, les échoppes animées, les vendeurs d’épices, la musique orientale, tout y est !
Le rêve ne serait pas complet sans une petite séance au hammam. La nuit est déjà bien tombé, je quitte Rizlaine qui doit se résigner de trouver un hammam pour femme en ce vendredi, jour du repos dans l’islam, mais aussi des hommes semble-t-il.
Comme si l’extérieur ne suffisait pas, il faut que le rêve continu à l’intérieur. Je pénètre dans les lieux où une petite fontaine trône au milieu de la pièce. Au-dessus d’elle un grand dôme peint à l’orientale et sur trois des quatre côtés de la pièce, de larges banquettes auxquelles on accède par des marches et où sont installés des hommes avec leur thé et leur narguilé. Non seulement j’ai les yeux rond d’émerveillement mais en plus, je n’ai aucune idée de ce que je dois faire. Bon, je décide donc d’y aller à l’intuition. Jusqu’au moment de me mettre complètement à poil. Je ne sais pas trop si je me le sens autour de cette bande de circoncits…J’attends, je regarde à droite, à gauche et c’est à ce moment-là qu’arrive le chef des lieux pour m’emmitoufler dans ma serviette. Ouf, j’ai le droit de garder mon intimité ! Les clients du hammam n’ont pas fini de rigoler avec moi, au contraire les choses ne font que commencer. Rien à voir avec le hammam dans lequel j’avais été avec Sami l’année dernière. J’espérais pourtant me servir de mes souvenirs mais non, pas possible. J’essaye de faire comme les autres. Je passe d’abord par la vapeur avant de me laver. Ensuite, un syrien voit que je n’ai vraiment rien pigé et m’invite à l'imiter. J’arrive à lui expliquer dans les deux mots d’arabe que j’ai appris que je suis français, étudiant à Amman et en week-end ici pour deux jours seulement. Après ça, massage. Le masseur plein de dextérité dans ses gestes me fait craquer le dos comme jamais, mais rien de cassé. Je retourne enfin dans la pièce centrale où je retrouve une bonne dizaine d’hommes en train de tirer sur leur narguilé tout en buvant leur thé. On m'apporte un thé à moi aussi avant de venir m’essuyer et cette fois ci, c’est mes oreilles que mon bienfaiteur prend entre ses doigts avant de les faire craquer. Je n’aurais pas cru cela possible mais en fait si…
Tout le monde parle de moi, je suis un peu une bête de cirque qui intrigue vraiment les personnes.
Je règle ma note de 225 £S soit environ un peu moins de 3€.
Direction maintenant un resto qui a pris ses quartiers dans une maison Damassienne bien typique, le tout dans un décor de verdure dont un bel oranger en fruits... Nous nous installons au niveau supérieur à une table qui ne va pas tarder à être remplie de mezzés tous aussi fins et délicieux les uns que les autres. Tu vois ce que je veux dire Sami, un peu comme en Turquie, mais encore meilleur sans vouloir t’offenser.
Malgré la fatigue, j’aurais beaucoup de mal à m’endormir après tout ce que j’ai vu aujourd’hui. Les images me reviennent sans cesse et ce n’est que trois bon quarts d’heure après m’être couché que je trouverai le sommeil.
Samedi, l’activité est de retour. Nous repassons dans de nombreuses ruelles déjà découvertes la veille, mais mon émerveillement reste le même. Le but de la courte journée qui nous attend avant notre (triste) retour à Amman est d’arpenter le souk. L’ambiance est à 15 000milles lieues de la veille. L’environnement grouille d’activité, les couleurs, les senteurs, etc…Je ne vais pas continuer à tout décrire, car je pense que des photos seront plus parlantes que mes doigts. En tout cas, on y vend de tout, dont des mélanges de potions magiques assez intéressantes à base de lézard, salamandre, tortue, le tout mélangé à différentes plantes.
La dernière expérience du week-end sera la dégustation de chameau. Au détour d’une rue, nous apercevons une énorme tête de chameau suspendue au dessus de l’entrée d’une boucherie aux conditions d'hygiène plutôt déplorables. Au fond du minuscule atelier de découpe se trouve un grill sur lequel on fait revenir des brochettes de viande hachée. Il se trouve que l’individu dont la tête pend dans l’entrée a le reste du corps en train de griller sur le barbecue situé à deux mètres. Je ne pouvais pas manquer l’occasion. Après de plates excuses auprès du géant bien moins impressionnant avec les pattes en moins, je me lance dans la dégustation. Excellente, même si elle n’a pas un goût très prononcé. Les lieux sont tenus par un hommes d’une soixantaine d’années et ses trois fils. Ils m’expliquent qu’ils tuent un chameau, le découpe, le dispose en vitrine et qu’une fois que tout est vendu, ils en tuent un autre. Donc en fait, leur magasin ne tourne qu’avec une seule bête…
Voilà, pour ce qui était de mon premier contact avec la capitale syrienne. Week-end inoubliable terminé de la meilleure des manières en entendant mon tuteur me conforter dans le choix de MON sujet. L’étude des mobilités des marchands du souk du camp lui paraît être un sujet intéressant. Après deux semaines de prise de tête, je peux enfin respirer et me lancer à fond dans mes entretiens. Wihdat, me voilà, je n’ai pas fini de retourner, de triturer, d’observer et de sentir ton souk si animé. Retour sur Amman l’esprit léger, la tête encore un peu dans mes souvenirs qui n’ont pas fini de me hanter jusqu’à début mars, date à laquelle j’irai retrouver mon nouvel amour pour quelques jours, avant une séparation bien plus longue que je redoute déjà…
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