Bon, alors je recommence, vu que mon pu.... d'ordi vient de buger juste avant le point final.
Il me fait des caprices pour que je le laisse un peu en paix, que je lui offre une retraite bien méritée, mais il peut rêver, car ce n’est pas après des études de géographie que je vais pouvoir m'en acheter un nouveau, il va donc falloir tenir encore un bon moment mon ami!
Enfin, ça donnait à peu près ça.
Voilà quelques jours que je n'ai pas écris de messages pour alimenter mon blog qui crierait presque famine. En même temps ces derniers jours, je les ai passés à bosser, dans le camp ou dans ma chambre, afin de terminer correctement mes recherches avant de partir pour la Syrie samedi matin. Les derniers moments à Wihdat se rapprochent donc d’heure en heure. Plus l’échéance arrive, moins j’ai envie de partir et plus l’idée de revenir l’année prochaine me trotte dans la tête… Je ne sais cependant pas encore de quoi mon avenir proche sera fait. Si j’avais la certitude de pouvoir devenir chercheur (chose qui me semble vraiment bien difficile) je n’hésiterais pas une seconde pour me lancer dans l’aventure. Il me reste encore quelques mois (jours ?) pour me décider.
Cette expérience aura vraiment été exceptionnelle mais aussi très bénéfique si jamais je dois continuer dans cette voie. J’ai appris plus en un mois qu’au travers de la trentaine de livres que j’ai lu sur le sujet avant de venir ici. L’échange avec la population, de Wihdat ou du reste de la ville, m’a permis de me faire mon propre avis sur le problème palestinien et de me rendre compte que beaucoup de généralités écrites dans les livres ne sont pas toujours vérifiables sur place. Je penses en particulier à une chose toute bête, mais un auteur avait affirmé que le marché du camp était principalement fréquenté le vendredi…Nous n’avons certainement pas étudié le même lieu au vu de ce que j’ai pu constater la semaine dernière et ce que m’ont dit les marchands eux-mêmes…
Pareil en ce qui concerne l’idée que se font les gens d’un camp de réfugié. Premièrement à Amman, il faut être un grand spécialiste pour réussir à en délimiter les frontières. Ensuite, sa population est de loin la plus amicale que j’ai rencontré dans le pays. Ces derniers jours, je n’arrivais plus à bosser tellement je voulais profiter du temps qu’il me restait pour discuter avec les vendeurs. Et les rares moments où je réussissais à me plonger dans mon étude plus d’une trentaine de minutes d’affilée, les gens m’apportaient des fruits, des légumes, du thé, sans que je ne demande quoi que ce soit. Pareil pour les repas que je partageais la plupart du temps avec eux. Pour la petite histoire, aujourd’hui, j’ai été“obligé“ de manger deux fois en deux heures pour ne pas vexer mes hôtes…
Donc, impossible de mettre en doute l’hospitalité et la gentillesse des palestiniens.
En tout cas, j’aurais eu l’occasion cette année et sans le savoir avant d’arriver, d’assister aux derniers moments de vie du souk. Le maire d’Amman a fait une visite à Wihdat la semaine dernière afin de constater le parfait état d’authenticité dans lequel il était (le camp). La municipalité cherche depuis quelques années à intégrer complètement cet espace au reste de la ville, que ce soit à travers des programmes de réhabilitation de l’habitat ou des infrastructures sanitaires et routières. Comme je le disais un peu plus tôt, il est devenu par moments très difficile de voir que l’on se trouve dans un camp de réfugiés.
Dès l’année prochaine, ce souk, qui est l’un des plus vieux du pays, devrait être rasé pour que l’on en reconstruise un nouveau avec un étage. Finies les vieilles étales construites en même temps que le camp en 1955, plus d’allées en terre et encore moins tout ces fils électriques qui partent dans tous les sens afin d’emmener la lumière au-dessus des stands des marchands.
Le dernier lieu du camp où vivait encore vraiment cet air de Palestine va disparaître pour laisser place à un bâtiment tout neuf, comme ils fleurissent par milliers dans cette Amman galopant vers le futur.
Ce sera aussi le moment de la retraite pour une partie des marchands dont certains approchent des 80 ans mais continuent de venir tous les matins vendre deux ou trois bottes d’oignons dans le seul but de partager un moment avec les gens qui ont fait leur quotidien depuis plus de 50ans. La mémoire de la Palestine continuera ainsi de s’éteindre un peu plus dans le pays, mais aussi dans le monde.
La Jordanie continuera quant à elle de remplir la part officieuse de son contrat passé en même temps que les accords de paix conclus avec Israël à Wadi Arabia en 94 (je ne suis ni sûr du nom, ni de la date), à savoir (jugement personnel) débarrasser l’Etat hébreux d’une grande partie des réfugiés palestiniens du Moyen-Orient en les intégrant au Royaume Hashémite.
C’est impressionnant de voir comme les jeunes générations n’ayant jamais vu la Palestine de leurs propres yeux sont attachées à cette terre par les seuls souvenirs de leurs parents. Il n’est pas rare de voir les yeux de grands gaillards, toujours souriants et déconneurs, se mettre à briller à l’évocation du droit au retour. Tout ça suivi d’un silence de plomb de quelques secondes avant que je relance à chaque fois la même question bête histoire de rompre le malaise “would you come back to Palestine if you could ?“. Toujours la même réponse brève et déterminée “YES !!!“. Même après avoir été au contact de cette population, j’ai du mal à comprendre comment elle peut être aussi attaché à un lieu qu’elle ne connaît même pas.
Pareil lorsqu’ils me demandent si je suis déjà allé à Hébron, Naplouse ou Bethléem, villes magnifiques d’après eux, mais qu’ils n’ont pu voir qu’en photos…Et oui, même si les réfugiés ont la nationalité jordanienne, il leur faut un visa pour visiter ce pays qui était le leur. Etant d’origine palestinienne et en plus habitant à Wihdat, seule une très petite minorité a réussi un jour à fouler le territoire israélien. Certains ont parfois toute une partie de leur famille vivant là-bas mais ils n’ont jamais pu les revoir depuis leur départ. Voilà comment Israël arrive à créer une haine envers les juifs chez une partie de cette population. Et même au niveau mondial, de plus en plus de personnes ont tendance à mélanger juifs et israéliens, comme si nazi était égal à allemand au temps du 3é Reich…Peut-être que la montée de l’antisémitisme est en partie créée par l’Etat d’Israël et la politique qu’il mène au Proche-Orient, en particulier à Gaza où 41 personnes sont encore mortes ce matin... En tout cas, tel est mon point de vue.
Ce séjour aura en tout cas renforcé mes opinions sur une partie des politiciens au pouvoir en Israël qui malheureusement ne résoudront jamais le problème sans accepter de vivre en paix avec les arabes. Cela peut paraître difficile à croire, mais beaucoup de réfugiés ne sont pas contre un même état où cohabiteraient juifs et Arabes. Le Coran lui-même affirme qu’il faut respecter les deux autres religions monothéistes. Les “bons“ musulmans acceptent donc les juifs. Seule une petite partie d’extrémistes comme les membres du Hamas ou du Hezbollah renvoie une image négative de leur religion et de leur peuple, ce qui nous ferait parfois croire que tous les Arabes n’attendent qu’un nouveau génocide. Mais encore une fois, est-ce que la force de ses partis ne vient pas du fait qu’Israël continu ses colonisations en Cisjordanie, construit un mur pour être à l’abris des Arabes (tous terroristes…), maintient les gazaouis dans une prison de quelques dizaines de Kms carrés où les conditions de vie sont en dessous du supportable, etc., etc., etc…
J’ai passé mon dernier jour à Wihdat en tant qu’apprenti chercheur aujourd’hui, c’est pourquoi je m’accorde la liberté de tirer un petit bilan politique de ce qu’il m’a été permis d’observer pendant ce mois partagé avec la population du camp. Et encore, je pourrais continuer sur l’Irak, car de nombreux irakiens sont venus s’installer ici depuis 2003 pour fuir les bombes américaines justifiées par quelques bidons de pétrole supplémentaires pour l'oncle Sam. Raappelons que Bush a eu la bonne idée de faire exécuter Saddam le jour de l’Aïd, histoire d’attiser encore un peu plus la haine de la population locale envers les Etats-Unis. A croire qu’ils collaborent aussi avec Israël pour trouver les meilleures idées afin d’ éviter toute forme de stabilité dans la région…
Bon, fini avec les choses graves, je rejoins Sami dans deux jours à Alep, le ton sera définitivement plus gai et les paysages plus attrayants que ceux du camp… A bientôt si j’ai le temps, pour NOS nouvelles aventures, quasiment un an jour pour jour après notre pacte passé devant le “supermarket“ de la gare routière à Gaziantep en attendant notre bus pour Urfa. Personnellement, je n’étais pas certain que nous arriverions à l’honorer, mais tout vient à point à qui sait attendre, qu’en penses tu Saaaami… ?
jeudi 28 février 2008
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