C’était trop beau pour durer, il fallait bien que ça arrive un jour, et heureusement pour les Jordaniens, la pluie à repris ses droits sur ce mois de février inhabituellement printanier à Amman.
Tout a commencé dans la nuit de lundi à mardi avec quelques gros éclairs traversants le ciel de la capitale. La pluie a tout de suite suivi et ne s’est pas arrêtée très longtemps depuis. Cela à permis à ceux qui ne connaissaient pas encore bien l’IFPO de constater l’étanchéité des lieux. La cage d’escalier est « inondée » en moins d’une demi heure…
J’envie déjà mes deux collègues tourangeaux, Mathieu et Julia, qui eux ont eu la bonne idée de choisir leur terrain à Aqaba, petite ville située sur les bords de la Mer Rouge entre Israël et l’Arabie Saoudite, juste en face de l’Egypte. Là-bas, le thermomètre ne descend que très rarement en dessous des 20°. Vu le temps qu’il fait aujourd’hui sur Amman, ils ont tout de suite pris la route pour approfondir leurs recherches avant de revenir continuer leur travail bibliographique à l’IFPO lorsque le temps sera plus clément ici.
J’espère au moins que la météo ne sera pas la même à Damas ce week-end, ce qui est loin d’être gagné vu la situation géographique de la ville.
Pour en revenir au bunker, Jalal me disait hier que les Jordaniens de passage dans ce petit bout de France en Jordanie sont toujours surpris de voir l’état des lieux. « Mais la France c’est plus riche que la Jordanie..!? Pourquoi vous avez pas de meilleurs locaux ?»
Les centres américain et anglais d’Amman sont flambant neuf. Ne parlons pas de l’ambassade des Etats-Unis, véritable petite ville dans la ville au cœur de laquelle on se déplace en voiture et où les piscines côtoient les terrains de tennis, tout ça à l’abris d’immenses murs et surveillés par de nombreux gardes et caméras.
Ici, rien ne fonctionne. Plus de connection internet, seul un ordinateur nous permet de communiquer avec le reste du monde. Il doit y avoir une bonne dizaine d’imprimantes dans les locaux, seuls trois ou quatre fonctionnent et nous n’avons accès qu’à une d’entre elle et seulement grâce à l’amabilité des thésards qui acceptent de nous prêter leur portables pour s’en servir.
On constate facilement que les plus grands soins ont été apportés aux travaux de peintures à en voir les coulures et dérapages qui restent sur les murs…
Les douches ne laissent couler qu’un mince filet d’eau tiède pour se laver, bref, on se demande ce que fait cet immeuble dans un quartier comme celui-ci.
En même temps on ne va quand même pas se plaindre, vu l’état de la plupart des logements du centre et de l’est de la ville, on reste de grands privilégiés.
Je ne pense pas en avoir parlé avant, mais j’ai rencontré un chauffeur de taxi dimanche en allant chercher mes autorisations de travail à la direction des affaires palestiniennes, qui m’a ensuite conduit jusqu’à l’université où je devais aller récupérer des cartes (sacrée histoire là encore... !). Il me donne son numéro au cas ou j’ai besoin de quoi que ce soit ici. Plutôt sympa, bien plus que moi en tout cas, qui descend sans le payer… Je m’en rends compte trois heures plus tard en repartant de l’université au moment de monter dans un autre taxi. Je décide donc de lui proposer un repas au resto mardi soir pour me faire pardonner, ce qu’il accepte tout de suite.
Mon téléphone sonne tout à l’heure alors que j’étais en train de bosser, c’est Sami, le chauffeur de taxi. Je lui donne mon adresse et il arrive dix minutes plus tard. Il me propose d’aller manger dans la vieille ville ce qui m’emballe tout de suite. En général, beaucoup de locaux pensent que les occidentaux préfèrent manger la même chose que chez eux dans des endroits chics, mais il à l’air d’avoir compris ce qui me plaît dans ce pays, soit, son authenticité !
Nous nous installons donc à une grande table au milieu d’une clientèle exclusivement masculine comme c’est le cas la plupart du temps dans ce genre de lieux.
Juste le temps de commander, et qui est-ce qui vient me taper sur l’épaule…Alex, le mini Indonésien ! Sacrée coïncidence, mais plutôt bonne pour le coup, car je suis sûr de me payer une bonne tranche de rigolade avec lui. Le contact passe bien entre mes deux amis qui connaissent tout les deux très bien l’Europe de l’Est, Alex pour y être allé en voyage plusieurs fois et Sami pour y avoir passer 8 ans de sa vie à vivre de divers petits boulots. C’est d’ailleurs là-bas qu’il a rencontré sa femme avec qui il a eu deux enfants. Je me pose donc en observateur, en ouvrant grand mes oreilles. Ecoute bien gamin, tu as beaucoup de choses à apprendre de la vie en écoutant ces deux là !!!
C’est effectivement le cas, Alex a la culture et l’ouverture d’esprit, Sami le vécu. J’ai le droit aux aventures de chacun. Sami raconte sa vie là-bas, le harcèlement quotidien de la police ukrainienne, le racket, la violence. Il nous montre toutes ses cicatrices dont une partant d’au-dessus de la poitrine jusque sous la gorge. A se demander comment il en est revenu… Il a aussi été le garde du corps (je ne vous l’ai pas décrit physiquement mais j’ai vraiment halluciné lorsque je l’ai vu sortir de son taxi pour la première fois) d’un Iranien bien connu recherché dans plusieurs pays dont la Jordanie. Je n’ai pas très bien compris qui c’était, je sais simplement qu’il est parti en Russie avec l’argent de la Jordan Bank et qu’il est protégé par la police de son nouveau pays d’accueil. Son nom commence comme l’actuel président Ahmad quelque chose. En tout cas Alex le connaissait.
Bref, je passe mon temps à écouter les deux parler en relançant seulement quelques questions de temps à autre. Nous restons deux heures à discuter tous les trois, je suis fasciné par ce que j’entends.
Je commence à comprendre ce que recherchent les gens qui voyagent tout seul et je me mets moi aussi de plus en plus à apprécier cela.
Nous nous séparons vers 21h30. Je dis au revoir à Alex que je voyais certainement pour la dernière fois ce soir, quant à Sami il me ramène à l’IFPO et m’invite à manger chez lui lundi prochain pour me présenter sa femme et ses deux petits bouts de 7 et 8 ans.
Encore une fois, je reste admiratif devant l’hospitalité palestinienne. Nous aurions décidément beaucoup de chose à apprendre d’eux dans notre douce France…
1 commentaire:
hello fiston,
je vois que tu es toujours à la recherche de l'authentique et constate que là tu fais fort,attention tout de même à tes rencontres!!!
la pluie pour toi,le chaud soleil pour nous,chacun sa galère.
si j'ai bien compris,tu vas à Damas ce week-end;si tu le peux,fais- nous de belles photos.
bonne journée,bisous.
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