vendredi 8 février 2008

Premier jour à Wahdat

Ca y est, c'est fait, je suis enfin allé au contact du lieu tant "convoité" par tous les apprentis chercheurs occidentaux en quête de dépaysement et d'un peu d'excitation.
Je pensais attendre quelques jours et au moins mes autorisations pour aller explorer les lieux, Jalal n'avait pas l'air de cet avis. C'est le problème avec toutes les personnes qui tentent de m'aider depuis le début de mon étude en septembre dernier. Il ne font que se contredire. Kamel m'avait demandé de ne surtout pas y aller avant d'avoir les autorisations avec moi alors que Jalal se demandait se que j'attendais pour m'y rendre. Après un passage dans son bureau pour lui ramener un bouquin, il s'énerve à moitié de me voir encore ici. Il prend mon calpin, gentiment offert par Marion et Romain et m'écrit en arabe le nom de ma destination(pour le taxi). Ok, si je comprends bien j'ai pas vraiment le choix.

Retour en arrière mais il faut savoir que mes tuteurs ici (censuré)...

Bref, je pars vers Wihdat, sauf que le chauffeur de taxi ne sait pas lire... Il s'arrête demander à un passant de lui traduire la phrase. C'est parti, direction le camp, nous y sommes en 15minutes.
Beaucoup d'agitation (pour changer), et de commerces en tout genre, en fait, pas beaucoup de changements comparé à la vieille ville. Un poste de police marque l'entrée du camp. J'hallucine dès les premiers mètres. C'est bien Jalal qui avait raison. Des boutiques partout, des bijouteries, des magasins de chaussures, d'électronique, de télés et même des animaleries. Les Palestiniens semblent être fans de poissons rouges et d'oiseaux. L'atmosphère y est détendu, seul un nombre très limité de voitures à le droit de pénétrer dans le camp, donc plus de klaxons et on peut même marcher au milieu de la route sans risquer de se faire écraser.
Sur la gauche part l'entrée du souk. Encore une belle surprise, plus grand, plus animé et plus "beau" que dans la vieille ville. Par contre, végétariens s'abstenir, il faut se frayer un chemin entre les carrioles et les morceaux de viandes suspendus au dessus du passage. J'ai littéralement pousser un demi agneau avec les mains pour pouvoir avancer...J'ai hâte de vous envoyer des photos du lieu, une vrai merveille ! Je ne me suis cependant pas risqué à en prendre aujourd'hui sans mes autorisations.
Je continue le repérage des lieux. J'arrive dans la partie sud du camp. Là, les clichés seront moins jolis. On retrouve bien les unités d'habitation construites en préfabriqué il y a 60 ans. Tout est délabré et on se demande comment le tout ne s'effondre pas sur les habitants des lieux. Des chats à moitié morts cherchent quelques vivres dans les poubelles. Ce qui attire mon attention est le nombre d'enfants qu'on croise dans le camp. Partout des gosses, c'est fou!
Malgré l'état du lieu dans lequel je me trouve, je ne me sens pas mal à l'aise. Les gens n'ont pas l'air de vraiment vivre dans la misère, du moins pas celle que j'imaginais. Aucun regard ne se pose sur moi, comme si il n'y avait aucune différence entre nous. Je croise des gens dans cette partie du camp complètement délabrée où il n'y a aucun commerce, mais personne n'a l'air de se demander ce que je fais là. Par contre, dès que je rentre dans un magasin, on me demande d'où je viens, ce que je fais là, etc...
Je me suis même fait offrir une pâtisserie par un vendeur ambulant. Enfin un qui parle anglais, j'en profite pour le questionner et lui demander où se trouve son magasin. J'espère pouvoir le retrouver, il pourrait être un très bon interlocuteur pour mes recherches.
Voilà, je rentre difficilement à l'IFPO. De nombreux Ammanî sont venus faire leur marché à Wahdat et c'est la guerre pour attraper un taxi. Après 15minutes, je me décide à enfin tester les minibus locaux. Bonne expérience, même si on se demande comment ils roulent encore. J'arrive à destination pour 250 fils, mais il me semble que le tarif est au bon vouloir du passager. Le conducteur à une espèce de boite en ferraille près du levier de vitesse où les passagers balancent quelques pièces en montant dans le bus.

J'ai aussi passé ma première soirée dans un bar où se retrouve la jeunesse occidentalisée d'Amman ainsi qu'un bon nombre d' expats. Sacrée différence avec le camp!!! Allah sait que je n'aime pas ce genre d'endroits mais ça m'a permis d' enfin passer une soirée avec quelqu'un d'autre que...moi.
En même temps je commence à m'habituer à être seul et faire ce que j'ai envie. Ca va peut-être vite me passer, mais pour le moment ça ne me déplait pas vraiment.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

salut david
alors tu as ouvert le deuxieme oeil et tu decouvres ce qu est la vie d'un expatrié.
Tu es normal ne t'inquiètes pas dans ce genre de situation il est vrai que la solitude a du bon.
Petit conseille d'expat vie au maximum comme un otoctone local et c'est la que tu pourras avoir la meilleur vision de ce qui ce passe autour de toi.
bisous
FABRICE

Anonyme a dit…

C'est ce que j'ai décidé de faire et je m'en porte pas mal pour l'instant. J'ai rencontré un algérien qui partage la même vision que moi mais il repart demain. Je lui ai dit que tu avais passé pas mal de temps en Algérie et il était interessé de savoir ce que tu avais pensé du pays.
Je lui ai dit que tu avais passé l'essentiel de ton temps dans le désert et il avait l'air de dire que tu avais du avoir beaucoup de courage pour pas devenir fou...
Fais un bisou à toute ta petite famille et à bientôt.

Anonyme a dit…

Sabah el reir !!
Sympa le blog, et tu as déjà exploré des territoires qu'on m'avait déconseillé de fréquenter à te lire je regrette. Sinon monte voir la citadelle d'Amman sur les sommets avec son petit musé. Bises à toi, profite un mois et demi ça passe vite. Transmets mon bonjour aux jordaniens (bédouins, palestiniens et autres ...) qui m'ont laissé que de bon souvenirs. Jean François (Cousin)